[Territoire des Trikru, à environs deux jours de Polis, Woods Clan.]

Plus que deux jours. Deux jours de voyage avant d'arriver à Polis. Après une rencontre étrange avec un groupe du peuple du ciel et d'une autre Skaikru, le peuple de la lune ne sait plus à quoi s'attendre. Alors c'est ça de vivre reclus ? Ne pas savoir qu'un peuple venu du ciel est tombé sur terre ? Que la commandante a fait entrer dans sa coalition ? Mais cela redonne un espoir à Sanka.

Si la commandante a accepté un peuple tombé du ciel, peut-être acceptera-t-elle un peuple essayant de se racheter pour les actions de ses ancêtres.

Sanka est actuellement en chasse avec Eymet et Kunai, ainsi que leurs loups. Segei est resté près du camp, au cas où. Après une bonne heure de chasse et seulement deux petits rongeurs avec eux, les trois compagnons reprennent le chemin du camp. Mais c'est en arrivant que Sanka remarque quelque chose d'étrange. Segei n'est pas au camp et Skaikrasha semble essayer d'alerter les autres.

C'est en se retournant que le groupe voit un homme, derrière Segei, un couteau sur sa gorge. Le loup de Segei commence à grogner mais ne tente rien, bien trop apeuré à l'idée de perdre son compagnon.

Sanka à le regard dur et le visage impassible. Mais l'homme semble tout de même un peu confus face à quatre énormes loups prêts à se jeter sur lui. Sanka, ne voulant pas que son ami et bras droit se fassent tuer, s'avance et annonce son nom.

"Ai laik Natplana Sanka, kom Natshanakru. Chon yu bilaik?"

L'homme ne donne que son nom, Ako. Nom qui est complètement inconnu aux yeux de la brune. En revanche, il ne donne pas son clan.

"De quel clan viens-tu, Ako ?"

Roan avait quitté Polis. Ce départ n’était en rien définitif, mais il avait eu besoin de s’éloigner des murs de cette cité pour la journée. L’incident diplomatique avait été frôlé, Azgeda avait perdu son ambassadeur et le prince se méfiait du prochain tour de sa mère. Nia était fourbe et dangereuse, il savait qu’elle avait pour but de faire tomber Heda, ce qui était une idée des plus saugrenue. Le Prince n’approuvait pas tous les choix de celle ayant le sang noir des Natblida, mais il savait aussi que s’opposer à elle mettait en péril Azgeda. Une bien piètre stratégie alors que la Coalition avait la force de réduire à néant la nation des glaces.

Mais ce n’étaient pas toutes ces pensées envers les façons de faire de sa mère qui avait poussé Roan à rejoindre la forêt avoisinant Polis. C’était risqué, il le savait alors que certains pouvait essayer de bien se faire voir s’en prenant à lui, mais il n’en craignait rien. Bien au contraire, il était curieux de voir qui aurait le cran de le faire, sans pour autant aller chercher les ennuis. Il n’était pas suicidaire non plus, mais quitter la cité de Polis lui permettait de prendre quelque distance avec ce dont il exécrait. Trikru, un ennemi de longue date envers Azgeda, cette alliance avec Skaikru dont il n’y voyait que la faiblesse de Heda, et cette surveillance dont était sujet la Nation des Glaces pour des propos tenu par un homme ayant aujourd’hui perdu la tête.

Car Roan savait qu’il n’avait guère l’autorisation de quitter les murs de Polis, mais il ne s’était pas fait prier pour le faire. Tromper la vigilance des gardes, cela avait été digne de son entraînement de guerrier, mêlé à son bannissement où il avait dû se fondre dans les ombres. Un besoin qu’il avait ressenti de s’éloigner un peu, et il ne se doutait guère de ce que cela allait pouvoir lui apporter. En s’avançant parmi les arbres, il découvrit une scène assez commune lorsque l’on avait l’habitude de côtoyer des figures importantes, mais dont on pouvait tirer un certain amusement pour un spectateur tel que lui.

L’homme avait été insouciant de s’en prendre à un natif tenant un camp. De là où il se trouvait, il était invisible par la menace lui tournant dos, mais lui voyait tout. Ce campement dont les traces indiquaient très clairement la présence de d’autres, mais aussi un loup pas des plus amicales qui se tenait en retrait. Il ne fallut que peu de temps avant que d’autre ne vienne compléter ce tableau. Il entendait la femme prendre la parole, demander l’identité à l’inconnu. De là où il était, Roan avait sorti sa lame avant de se rapprocher et poser la pointe de celle-ci à la base de la nuque de la menace. Une invitation pour ce Ako à lâcher, alors qu’il touchait du bout du fer ce tatouage d’aigle l’identifiant au clan des falaises bleues.

« Un Ouskejon kru ne sachant pas calculer le risque. »

Il laissait une chance à cet homme de laisser tomber. Roan ne connaissait aucune des motivations de Ako pour agir ainsi. Mais il avait tiqué face à la présentation de la femme. Une reine, et d’un clan dont il n’avait jamais entendu parler.

« Natshanakru n’est pas de la Coalition. Qui êtes-vous ? »

Une simple question pouvant alors aider le prince à mieux savoir comment se positionner. En tant que banni, il savait quel était la délicatesse des relations avec la Coalition et les clans, mais en tant que Prince et qu’Azgeda, il n’avait pas la stupidité de baisser ses barrières.

Alors que Sanka attend une réponse, elle voit du coin de l'oeil un autre homme s'approcher d'Ako, pointant sa lame sur la nuque de l'homme. Il donne même son clan. Ouskejon, le clan des falaises. Oui, la reine a fait ses devoirs. Ako lâche finalement Segei. Ce dernier se positionne près de sa reine, rapidement rejoint par son loup. L'homme inconnu, toujours avec sa lame sur la nuque d'Ako, pose une question à la reine. Sanka sourit doucement.

"Je viens de le dire. Je suis Sanka, reine du peuple de la lune. Mais, vous avez raison, notre peuple ne fait pas partie de la coalition."

L'homme semble réfléchir, comme s'il ne sait pas trop comment réagir face au groupe. La brune continue, ne voyant pas en lui une menace.

"Et vous êtes ?"

Avant que l'homme ne puisse répondre, Segei prend la parole, visiblement irrité. Il s'adresse à Ako.

"Tu mérites la mort pour une telle action."

Sanka s'approche de son bras droit, posant sa main sur son épaule.

"C'est bon."

Elle regarde ensuite l'homme derrière Ako.

"Vous pouvez le relâcher. Je doute qu'il tente à nouveau quelque chose."

Bizarrement, Sanka semble faire confiance à l'homme inconnu. Après tout, il a aidé à arrêter l'agression envers son bras droit. De plus, il semble seul. Peut-être que Sanka pourra même en tirer des informations sur la coalition et les autres clans. Voire même de Polis et de la commandante. Une fois relâcher, Ako prit la fuite et Sanka pose sa main sur le torse de Segei, l'empêchant de partir à sa poursuite. Elle hoche négativement la tête, signe que cela n'en vaux pas par la peine. L'important est de ce concentré sur l'homme en face d'eux.

Roan. Tel est son nom. Prince d'Azgeda, nation de la glace. Un fin sourire s'affiche sur les lèvres de la reine. Si sa mémoire est bonne, c'est en partie à cause de ce peuple qu'Agun, son ancêtre, s'est retrouvé exhiler. Partageant des informations confidentielles et planifiant un assassinat sur un commandant avec la nation de la glace.

"Et bien, Prince Roan, que fais-tu si loin de ton peuple ?"

La lame toujours en menace pour cet homme, Roan n’avait pas hésité à divulguer l’information de son clan. Il n’était pas un allié et le prince n’avait aucun affect avec cet Ako ayant commis de nombreuses erreurs dans sa stratégie. Et pourtant, il ne le tuait pas non plus. Il y avait de nombreuses raisons à cela. Éviter un incident diplomatique, ne pas faire couler le sang pour rien et ainsi attirer des charognards et surtout, porter son attention sur ces personnes proclamant un clan dont il n’avait guère entendu parler. Natshanakru, un clan semblant appartenir à la lune et accompagné de loup géant. Il était indéniable que, si Roan en avait déjà entendu parlé, il s’en serait souvenu.

Leur reine se faisait répéter en se présentant, mais le prince n’avait que faire que cela puisse sembler comme un outrage pour certains. Elle pouvait bien être Heda qu’il en aurait fait de même. L’Azgeda aimait savoir à qui il avait affaire et un simple non associé à un clan ne signifiait parfois rien. Cependant, elle lui offrait bel et bien la confirmation de sa non-appartenance à la Coalition et cette information était des plus précieuses. Cette forêt appartenait à Trikru et était sous le commandement de Lexa. Les étrangers ne pouvait que se méfier des nombreux dangers des lieux, mais il ne pouvait tirer de conclusion sur la raison de leur présence. Il n’avait pas assez d’information et, même s’il en avait, personne ne pouvait décider à sa place de ce qu’il comptait garder ou non. Il choisirait selon ce que cela pouvait lui apporter.

« Ai laik Roan, hainofa kom Azgeda. »

Prince banni, mais cela, cette Sanka n’avait nul besoin de le savoir. Et si elle le savait, alors sa question était des plus inutiles. Ainsi, il maintenait son titre actuel, la présence de sa lame dissuadant l’Ouskejon de rajouter quoique ce soit. Il ne suffisait que d’une simple pression à l’Azgeda pour le faire taire à tout jamais et il avait assez confiance en l’instinct de survie de l’homme pour ne pas être trop entreprenant.

Pourtant, la menace n’allait pas être présente bien longtemps, alors que la reine laissait la liberté à l’abruti n’ayant pas mesuré les risques de son acte. C’était avec nonchalance que Roan avait rangé sa lame.

« Gon we. » (dégage)

Un ordre sonnant comme un ultimatum pour l’Ouskejon de la part de l’Azgeda. Il n’avait aucune autorité sur lui, mais il n’aurait aucun scrupule à le faire dégager autrement. D’ailleurs, il n’eut pas besoin alors que cet Ako ne fit répéter personne, retournant de là où il venait, et Roan espérait que ce ne soit pas Polis. Il n’avait pas réellement le droit de quitter la cité, symbole du Kongeda, mais ne craignait pas non plus de faire face à Lexa pour cela.

Sanka semblait curieuse, mais si elle espérait l’entière vérité de la part du prince, elle était loin d’avoir son compte. Si Roan pouvait se permettre de donner certaines raisons, il se méfiait encore trop de ce clan pouvant dissimuler une animosité envers le Kongeda. Et si lui-même apprécierait voir une autre Natblida à la tête des douze clans, il ne pouvait se permettre de fomenter un coup d’état envers Lexa, sans que les conséquences ne retombent pas sur Azgeda. Un point qu’il prenait bien plus en compte que sa mère.

« Des raisons diplomatiques concernant mon peuple. Devons-nous nous méfier de l’approche d’un clan n’appartenant pas à la Coalition ? »

Une pointe de sarcasme pouvait être perceptible chez lui. Qu’importe la situation, sa nature reprenait toujours le dessus et il n’était pas naïf au point de croire que Lexa n’avait aucun ennemi. Déjà au sein de son alliance, certains refusaient de dire Amen à toutes ses idées et il n’était pas assez méconnaissant du monde pour croire que rien d’autre n’existait en dehors des douze clans et des frikdreina. Certes, il n’avait jamais imaginé l’existence d’oiseau de fer abritant un peuple, mais cela était un autre détail.

« Etes-vous un clan de Frikdreina osant outrepasser les frontières qui leur sont imposées ? »

Si c’était le cas, il n’hésiterait pas un instant à ramener leur reine auprès de Lexa, s’offrant ainsi une chance de retrouver sa place de prince.

(HRP : j’ai pas tout écrit en trigedaslang car je suis une quiche en trad, mais Roan parle dans sa langue natale.)