Les mains pleines de sang, le regard noir, Gualenoria venais d’achever sa proie. Elle récupéra les bijoux, objets de valeurs et coupa une mèche de cheveux de sa victime. Une fois cela fait, elle se releva, se retourna, laissant le corps inerte du jeune Trishanakru par terre. Mission accomplie.

Il y a bien longtemps que la jeune femme avait perdue son âme. Tuer était devenu son métier.
Guerrière le jour et tueuse la nuit, voila ce qu’elle était. Beaucoup de son entourage ignorait sa vraie nature, même sa mère adoptive, Astra.

« Em’s odon » avait-elle dit en jetant les mèches de cheveux sur la table.
(C’est fait)

La brune se trouvait face à un homme d’une quarantaine d’année, Irksha kom Ouskejon.
C’était lui l’intermédiaire, entre elle et ses clients. On la surnommait Wamplei Gada » (La fille de la mort). La seule personne connaissant son identité se trouvait être Irksha.
C’était lui qui lui avait proposer de devenir sa tueuse à gage. Il trouvait les clients et elle, elle effectuait la mission. Quand celle-ci était accomplie, 75% du butin lui revenais.

Chaque mission se trouvait être différente.

Alors qu’elle venait d’achever la précédente, Irksha lui proposa directement la suivante. Ce fut de loin LA mission la plus intéressante et la plus longue qu’elle n’avait eu jusqu’à maintenant. Pour la première fois, il ne s’agissais pas d’un simple meurtre mais d’une véritable mission d’infiltration. La cible n’était autre que l’ambassadeur Ingranronakru. Mais pour pouvoir s’approcher de celui-ci, elle devait tout d’abord éliminer ses deux plus proches guerriers. Shad et Nemyt. Tous deux, du même sang, leurs morts affaibliraient grandement la défense du clan.

La raison de cela ? Aucune idée. Ce n’était pas le problème de Gualenoria. Elle n’était pas payer pour s’occuper de se qui poussais ses clients à vouloir la mort de ses victimes. La brune ne faisait que ce qu’on lui demandait.

Cette mission était bien plus difficile que toutes celle, qu’elle avait faite. Tuer des guerriers aussi aguerris lui demanderait un long travail d’observation au préalable. Elle devait s’infiltré parmi les Ingranrona et ainsi découvrir les faiblesses de ses cibles sans être repérer.

C’est à ce moment-là, qu’elle rentrait en jeu. Aucune consigne particulière. Elle avait champs libres, tant qu’elle réussissait à atteindre l’objectif fixé. Irksha avait été très claire. Réussir cette mission lui ouvrirait des portes sur des choses bien plus intéressante. Le client était apparemment quelqu’un de haut placé.

La demande de Lexa de réunir tous les clans, au même endroit, au même moment, avait été l’excuse parfaite et insoupçonnable pour quitter Ouskejon. Durant la cérémonie, Gualenoria avait observé l’ambassadeur puis repéré Shad et Nemyt. Cette dernière était d’ailleurs d’une beauté à couper le souffle. Quel dommage de cacher ça !!! Mais bon… C’était son métier, elle n’avait pas le choix.

Elle les guetta toute la journée, en restant proche mais assez loin, pour ne pas éveiller les soupçons. Depuis qu’elle avait commencé se métier, elle avait appris une chose des plus importantes. Pour pouvoir berner les gens, il fallait une bonne culture et savoir rebondir en cas d’impasse. C’est pour cela que la jeune métisse connaissait sur le bout des doigts toutes les particularités des clans et toutes les spécificités que l’on trouvait dans chacun d’eux. Ingranronakru, était le seul à posséder en ses terre, un fruit bien spécifique : Le Yario. Celui-ci pouvait être bénéfique pour la santé comme il pouvait être, au contraire, mortel. Il n’était pas rare que les guérisseurs en aient besoin pour leurs remèdes.

Excuse trouvée, restait plus qu’à trouver comment aborder le sujet et avec qui.

Quatre heures, c’était écoulé et le soleil commençait à se coucher au loin. Gualenoria se baladais dans les ruelles de Polis ou l’ambiance était assez agréable. Quand soudain, elle aperçut Nemyt assise au loin, seule. C’était le moment ou jamais pour approcher. Elle s'assise donc à coté de la jeune femme et l'aborda normalement comme quelqu'un qui chercherais tout simplement à faire la conversation.

« Hei, yu laik Nemyt kom Ingranronakru em’s bilaik ? Ai laik Gualenoria kom Ouskejonkru. Ai leatse yu laik a gona. A noca gona… »
(Salut, tu es Nemyt de Ingranronakru, c’est ça ? Je suis Gualenoria du clan Ouskejon. J’ai entendu dire que t’étais une guerrière. Une jolie guerrière…)

Dit-elle d’un ton charmeur tout en la regardant de haut en bas avec son sourire ravageur.

Comment pourrait-on croire que derrière cette femme au visage angélique se cachais le diable en personne qui tentait une approche plutôt dragueuse.

La Cérémonie avait eu lieu et le calme était de retour aux alentours de la tour. L’engouement suscité par les déclarations de Heda laissait désormais place à la routine quotidienne de tous et Nemyt n’en faisait pas exception. Avec la venue de tant de personne pour cette Cérémonie, elle avait été sur ses gardes afin d’assurer au mieux la protection de celui pour qui elle était là. Selon toute théorie, l’ambassadeur de son clan ne risquait rien. La paix était présente et la Coalition de Lexa assurait une certaine sécurité pour tous. Mais les complots pouvaient naître de partout et la présence des Skaikru ne pouvait que jouer en cette faveur pour les âmes les plus tumultueuses. Alors la guerrière prenait son rôle avec sérieux depuis son retour et elle fournissait bien plus d’énergie lors de regroupement similaire à celui qui avait eu lieu.
Mais c’était un peu de repos qu’elle s’octroyait alors que le calme était désormais présent. La jeune femme avait pu profiter de la présence de son frère, venu exceptionnellement afin de renforcer la sécurité autour de l’ambassadeur et elle savait que dans quelques jours il rentrerait sur les terres Ingranrona, du moins si aucune menace n’était détectée. Ainsi, elle profitait de ces jours pour parfaire son entraînement avec lui ou bien échanger au sujet de leurs clans. Elle avait beau aimer être à Polis et côtoyer de nombreuses personnalités et cultures, la terre abritant les chevaux réputés des cavaliers lui manquait.
S’était assise un peu en retrait que Nemyt profitait aussi d’un peu de solitude, face au soleil couchant. Il n’y avait beau ne s’être rien passé de spécifique, cette journée avait été épuisante pour elle. Être constamment sur ses gardes réclamait une certaine énergie et un peu de solitude permettait de se ressourcer. Cependant, cet isolement n’allait pas durer, alors qu’une femme métisse venait prendre place à ses côtés. La cavalière ne s’en offusquait pas, elle n’était pas associable et elle n’avait pas été prise par surprise depuis son angle mort.
Les propos de celle se présentant comme Gualenoria la firent sourire. Elle savait complimenter et elle ne pouvait nier que flatter l’ego était toujours appréciable. Pourtant, Nemyt ne restait jamais sur les flatteries, préférant avoir une certaine distance avec ce qui donnait de l’assurance.
« Je te remercie, Gualenoria kom Ouskejonkru. Je suis bien Nemyt kom Ingranronakru, enchantée de faire ta connaissance. »
Elle n’avait jamais entendu parler de cette femme, mais la Coalition était immense, et même Heda ne pouvait se vanter d’en identifier chaque habitant.
« Je suis rattachée à la protection de Yzar, l’ambassadeur de mon clan, et je ne peux que te retourner la beauté de ta personne. »
Car Gualenoria n’avait pas à jalouser quiconque. Comme tout être humain, Nemyt n’était pas insensible aux charmes et, si certains favorisaient la mixité d’un couple, elle ne s’arrêtait que très rarement au genre de la personne. Que ce soit le teint métissé si bien accordé à la chevelure de cette femme ou bien sa personne en elle-même, la guerrière devait avouer qu’elle n’avait pas été démis de ses charmes.
« Et que fait donc une si charmante personne pour son clan ? Êtes-vous là pour la Cérémonie ayant eut lieu ? »
Nombreux était-ce ayant fait le déplacement afin d’assister à cette tradition chez les natifs qui avaient été une certaine surprise de par les plans de Heda.

Un sourire charmeur sur les lèvres, Gualenoria scrutais attentivement son interlocutrice. En tant que tueuse à gage professionnel, elle avait appris qu’il était crucial d’effectuer une analyse des plus détaillé avant d’agir. Chaque mouvement, chaque mot, chaque mimique de la brune, étaient observé minutieusement par la métisse. Ce qu’elle avait entendu à son sujet était donc vrai. Nemyt avait bien perdu une bonne partie de sa vision, à en croire son œil figé qui semblait ne voir que de l’obscurité.
Il serait donc plus facile de la tuer… Du moins, ça restait encore à prouver car elle faisait quand même partie de la garde protéger de l’ambassadeur. Ce qui signifiais, qu’elle était largement capable de se défendre.
« Enchanté de même, de te rencontrer en personne Nemyt Kom Ingranronakru. »
Manier la conversation à son avantage pour en extirper le maximum d’information en toute discrétion, c’’était ça, la spécialité de Gualenoria. Sans vous en rendre compte, celle-ci arrivait à détourner le sujet, à son avantage pour en tirer profit. C’est d’ailleurs, exactement, ce qu’elle fit en s’adressant à Nemyt. La brune avait alors confirmé sans, sans rendre compte son identité ainsi que sa place importante dans le clan des Ingranronakru. Maintenant que tous les pions du jeu étaient installés et vérifiés, c’était au tour de la métisse de lancer le premier dé. Sa première mission étant de gagner la confiance de la jeune guerrière du clan de Yzar, pour pouvoir s’approcher plus facilement de ce dernier. Elle avait un énorme travail de manipulation à faire. Une manipulatrice, c’est ce qu’elle était devenue.
« Il est de mon devoir, en tant que guerrière des Ouskejons, d’accompagner les représentants de mon peuple ou qu’ils aillent. » Dit-elle simplement pour répondre à sa question, avant d’enchainé directement pour ne pas lui laisser le temps de poser une autre question.
« Je t’ai vu à la cérémonie, prendre la parole pour défendre les Skaikrus. Bien que je ne ressente aucune sympathie envers ce peuple, j’ai trouvé ton discours très noble et respectueux. Si seulement tous le monde pouvait penser ainsi, la terre serait bien plus saine et dénué de monstruosité. »
C’était affolant à quel point, il était facile pour Gualenoria de mentir. Car oui, il était évident pour tout le monde, que la femme qui avais plaidé haut et fort vouloir la mort des Skaikrus, ne pouvais pas être la même femme qui se tenais désormais devant Nemyt avec son air doux et compréhensible.
Et pourtant ! C’était deux personnalités totalement différentes mais qui arborais belle et bien le même physique. A croire, que quand la noirceur commence à s’emparer de votre âme, il est difficile de lui en échappé.
« Puis-je te poser une question indiscrète ? Que t’est-il arrivé ? Il faut vraiment être sans cœur pour oser s’en prendre à une femme aussi jolie que toi. » renchérit-elle avec un autre sourire séducteur.
Son jeu de séduction était officiellement lancé. Après avoir tâté le terrain une première fois, elle n’avait pas raté le fait que Nemyt, n’étais pas non plus insensible à son charme. Si pour l’instant ce n’étais qu’une technique de rapprochement, il était bien évident, que Gualenoria ne laisserais rien ni personne perturbé sa mission première, qui était de tuer l’ambassadeur Ingranronakru, ainsi que ses deux bras droit.

Nemyt n'était jamais fermée à des rencontres surprenantes et inattendues. Si à l'origine, elle avait pris place dans ce coin tranquille de Polis, c'était afin de profiter d‘un peu de solitude après avoir été sur ses gardes pour son ambassadeur. Mais que serait la vie sans rien un peu de piquant telle que cette rencontre ? Gualenoria n'avait non seulement rien à envier d'un point de vue physique, mais elle donnait aussi l'image d'une douce personne comme nombreux pouvaient apprécier. Pour la guerrière, c'était un avantage, mais pouvant vite tourner à l’ennui. Pourtant, elle ne doutait pas de perdre son temps alors que la discussion venait de s’entamer.
L’Ingranrona avait sourit à la remarque de la Ouskejon. Elle avait cette sensation d’une rencontre formelle alors qu’il n’y avait aucune formalité à avoir. Elle ne se considérait pas comme haut placée au sein de son clan. Une simple guerrière qui avait eut la chance de se rendre à Polis. Mais elle n’allait pas s’attarder sur ce point alors que la jeune femme intriguait la guerrière. Une combattante venue pour accompagner les dignitaires. Il y avait de nombreux guerriers au sein de Polis en ce jour avec cette même raison. Mais Nemyt n’avait pas le temps de répondre que la métisse avait enchaîné en évoquant ce qu’il s’était passé quelques heures plutôt. La cavalière avait pris un risque en prenant la parole sans l’accord de son ambassadeur ou son roi. Son aîné le lui en avait même fait la remarque à la fin de l’évènement, mais la brune assumait pleinement ses propos.
« Nous nous sommes mis à juger ce peuple sans leur laisser l’occasion de se défendre. Nous n’aurions pas valu mieux que les maunons à les traiter comme l’on fait certains. Refuser leur intégration aurait fait de nous une Coalition bien hypocrite alors que Heda a fermé les yeux sur les actes de certains clans. »
Il était facile de toujours revenir au même exemple, mais il était aussi le plus adéquat dans cette situation. Si elle-même n’avait pas eut le culot de citer ce à quoi elle pensait, d’autre l’avait fait.
« Mais je n’ai pas la naïveté de croire que ce sont des paroles comme celles que j’ai eu qui changeront quoi que ce soit. Notre monde ne nous fera pas de cadeaux, on rencontrera toujours des esprits belliqueux fermé à tout. »
Elle ne se faisait pas d’illusion et elle l’avait bien vu. Si le monde était fait pour vivre en paix, jamais aucun guerrier ne serait formé, jamais aucune arme forgée et jamais personne ne tomberait sur le champ de bataille. Même les histoires contant la vie avant Praimfaya parlait des conflits des hommes. Le monde n’avait pas évolué vers la violence, il l’avait toujours été. « Jus drain jus daun » n’était pas née de rien.
« Je n’ai aucun mérite pour mes propos. Je pense que d’autres ont été bien plus percutant. »
C’était tout Nemyt ça, repousser finalement le compliment. C’était pour cela qu’elle restait simple guerrière alors qu’elle avait certainement les compétences de grimper les échelons militaires. Elle ne faisait pas ça pour récolter les lauriers, mais simplement pour défendre ses idéaux et ceux de son peuple.
La question de Gualenoria était tout aussi inattendue que son arrivée. Même si elle n’était pas touchée des propos, la jeune femme avait instinctivement porté sa main à hauteur de son visage, comme pour chasser moucherons ou mèche qu’elle n’aurait pas remarqué. Elle qui espérait que cette blessure se fasse oublier, elle semblait plus visible qu’elle ne le pensait. Mais c’était avec un doux sourire qu’elle fit sa réponse.
« Il n’y a pas à être sans coeur. C’est une blessure qui m’a été infligée alors que je défendais mon ambassadeur. Je peux m’estimer heureuse qu’il n’ai pas été blessé. Je ne sais pas comment cela s’est fini, mais Yzar se porte bien et nous n’avons rencontré aucun problème par la suite. Certainement des frikdreina ou des nomades en conflit avec nous. »
Simplement des suppositions qu’elle avait fait durant sa convalescence et son entraînement pour que cette blessure devienne son point fort. Cela avait été dur, mais elle avait appris à passer outre un champ de vision réduit et, pour cela, rien de mieux que le combat à l’aveugle.

Un regard sincère et plein d’attention, Gualenoria ne loupa pas une miette de l’explication de la jeune femme, quant à son discours pendant la cérémonie. Nemyt était très noble et modeste dans ses propos, elle possédait un potentiel de leader, bien plus qu’elle ne semblait s’en rendre contre, elle-même. Dommage que son destin fût déjà tout tracé, elle aurait pu devenir quelqu’un d’important dans son clan. Enfin bref, la métisse, malgré ce discours prometteur, ne risquait pas de changer d’objectif de sitôt.
Le plus difficile dans ce genre de mission d’infiltration, c’était de ne pas s’attacher à sa cible. Jusqu’à maintenant ça ne lui était jamais arrivé, mais avec Nemyt le courant passait étonnement bien. Elle devrait se méfier, s’approcher, tout en gardant une certaine distance, émotionnellement parlant. Hors de question qu’elle se lie d’une véritable amitié avec une proie. Cela ne rendrait que plus difficile la mise à mort de celle-ci, Gualenoria avait déjà trop souffert pour se permettre ce genre de dérapement.
« Je vois, tu es plutôt du genre modeste. » Avait-elle répondu toujours avec un grand sourire amical.
La métisse avait enchainé directement, tentant de récolter le plus d’information possible en toute discrétion. Nemyt était donc ce genre de personne, tellement fidèle a son ambassadeur, qu’elle était prête à mettre sa vie en danger pour le protéger. Elle avait littéralement perdu un œil pour lui. Qu’avait-il de si spécial pour que cela en vaille le sacrifice ?
« Pas besoin de cacher ton œil, ça ne change rien, ça te donne même un charme supplémentaire » Instinctivement la métisse avait posé sa main sur celle de la jeune femme, pour la dégager du visage de celle-ci. Plongeant son regard dans celui de son interlocutrice, avant de le baisser même pas trois seconde plus tard. Il y avait parfois des attirances physiques inexplicable, c’était exactement le ressentie actuelle de Gualenoria en ce moment. Elle, d’ordinaire si fermé la dessus était légèrement troublé. Enfin bref, en ce concentrant un minimum, ça devrait aller sans trop de problème.
Heureusement, Nemyt aborda le sujet de sa suspicion sur l’implication des Frikdreina dans l’attaque de son ambassadeur, ce qui fit rapidement revenir Galenoria à la réalité… La métisse n’aimait pas qu’on considère tout les Frikdreina comme des malfrats ou meurtrier, sa mère en étant une. S’ils étaient comme cela, c’était uniquement car leurs peuples les avaient abandonnés, parce qu’il ne faisait pas partie de « la norme ». Ils ne tuaient pas pour le plaisir mais juste pour survivre et ça, peu de personne s’en rendait compte.
« Je vois que perdre la vue, ne t’as pas empêché de rester une protectrice de l’ambassadeur. Je serais curieuse de voir comment tu te débrouilles sur le terrain. Un jour, quelqu’un m’a dit que les personnes les plus désavantagé physiquement, s’en sortait souvent mieux que quelqu’un en pleine possession de ses moyens. Pour la simple et bonne raison qu’ils aillaient vraiment puiser tout le potentiel au fin fond de leurs âmes. Est-ce que c’est vrai ? Ça s’applique pour toi aussi ? »
Peut-être était-elle un peu trop curieuse ? Ce trait de caractère faisait partie d’elle et l’avait toujours été, c’était surement la seule chose qui était réelle chez elle.
Elle avait beau avoir une gueule d’ange, si elle ne voulait pas être suspecter de s’intéresser un peu trop a la garde rapprochée, elle devait absolument changer de sujet.
« Je ne vais pas te mentir, je t’avais déjà remarqué pendant la cérémonie. Je voulais absolument discuter avec toi. Voilà que tu dois me prendre pour une folle maintenant. » Renchérit-elle tout en se cachant derrière ses mains, un grand sourire aux lèvres.
« Être guerrière c’est bien, mais le fait de devoir rester sérieux constamment, tu ne trouves pas ça un peu ennuyant ?»
L’ancienne Gualenoria, celle qui était tombé amoureuse, aurait très bien pu prononcer cette phrase, pourtant celle d’aujourd’hui n’en pensait carrément pas un mot. La solitude était la solution si on ne voulait pas souffrir, le moyen d’être libre et de ne dépendre de personne. Son intégration a un clan n’était que pure intérêt pour avoir un toit sur la tête. Elle n’en avait jamais vraiment fait partie au final, elle n’était une fusion entre une Frikdreina et un Azegeda, l’union du mal.

Nemyt aimait sa fonction de guerrière, c’était un fait qui transparaissait constamment, que ce soit dans son attitude ou dans ses propos. Gona avait été une vocation qu’elle avait touchée très tôt du doigt, lorsque son frère l’était devenu. Elle avait observé cette figure d’aîné avec tant d’admiration, que l’Ingranrona avait rejeté les choix de ses parents pour suivre la même voie. Cela n’avait pas été simple, il lui avait fallu tomber de nombreuses fois, mise à terre par bien plus fort, mais l’orgueil et la volonté de remporter la victoire l’avait fait se relever. Seul le coup lui ayant fait perdre une partie de sa vision l’avait laissé à terre un certain temps, jusqu’à ce qu’on lui rappelle qui elle était. Qu’on lui rappelle qu’elle était cette guerrière Ingranronakru devant protéger l’ambassadeur de sa vie. Et elle l’avait fait. Qui sait ce qui aurait pu se passer si Yzar était tombé à sa place.

La brune n’avait opposé aucune résistance au geste de Gualenoria pour faire retomber sa main. Il n’était pas rare que la cavalière prenne contact avec cette zone de son visage lorsque l’on y faisait référence. Elle l’avait peut-être accepté aujourd’hui, mais cela restait un souvenir qui sera à toujours gravé dans son esprit.

« Ce n’est pas une volonté de le cacher, mais plus un rappel constant que cet état ne changera jamais. »

Elle avait souri à la remarque de la métisse. Les guérisseurs l’avaient averti que cette blessure était différente d’une fracture. Si un os pouvait se réparer avec le temps, Nemyt aurait à tout jamais cette zone d’obscurité pouvant la mettre à la merci des autres lorsque ses oreilles n’étaient pas à l’écoute de la moindre altération de sa perception.

Alors que son regard se plongeait dans celui de Gualenoria, Nemyt se sentit troublée. Elle n’avait jamais réellement été attirée par qui que ce soit, tant elle était projetée dans sa fonction de gona. Mais face à la métisse, elle avait l’impression que quelque chose changeait, indéniablement et sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle avait du charme, cela était un fait, mais elle semblait aussi avoir un quelque chose qui donnait envie à la gona de continuer de discuter avec elle, ne pas rompre ce moment. Et pourtant, nombreux pouvaient témoigner de la préférence de la jeune femme pour passer à autre chose et ne jamais s’attarder. Une boule d’énergie incapable de se poser.

L’hypothèse que la cavalière émettait n’était fondée que par des superstitions de tous ceux l’ayant aidé à faire le point sur la situation. Elle savait qu’elle n’aurait jamais le fin mot de l’histoire de cette attaque, mais nombreux avaient évoqué la possibilité de personne voulant porter du tort soit à son clan, soit à la coalition. Et, suite à cette idée, la liste de potentiels coupable se réduisait. Et il est vrai que, parfois, Nemyt ne prenait pas forcément le temps d’avoir des preuves pour accuser. C’était injuste, mais elle n’avait pas la patience d’attendre d’avoir toutes les cartes en main. La jeune femme se créait ses propres cartes.

« Mon combat n’est pas terminé, mon devoir envers l’ambassadeur non plus. »

Une simple réalité pour elle. Il lui avait fallu du temps pour se relever et de se rendre compte qu’elle avait toujours cette chance d’être en vie, chance que tous n’avait pas forcément, mais il lui semblait désormais impossible d’imaginer rendre les armes avec comme seule cause une blessure. Elle avait toujours ses jambes pour se hisser à cheval, ses bras pour user de ses armes et sa tête pour réfléchir. Que demander d’autre ?

« Cette personne a eut raison. Au début, on ne fait que se focaliser sur sa perte, se dire que tout est fini, avant de finalement voir d’autre possibilité. Dans mon cas, j’ai la chance d’avoir un chef de guerre à mes côtés qui m’a épaulé et permis de trouver ce potentiel. On apprend finalement à se battre à l’aveugle afin de mieux se repérer dans l’espace. »

Nemyt ne cherchait pas à se vanter ou quoi que ce soit. Elle restait modeste sur ses compétences, et se mettait même à facilement blague sur le sujet.

« Désormais, je suis prête en cas de combat durant une éclipse lunaire. »

Et sans qu’il n’y ait la moindre source de lumière. Mais ça ne l’empêchait pas non plus d’avoir des raté parfois et de pouvoir se cogner à d’autres.

La guerrière ne put s’empêcher un léger rougissement de ses pommettes en entendant Gualenoria annoncer qu’elle l’avait déjà remarquée durant la cérémonie. Nemyt cherchait souvent la discrétion, se faire oublier – vieilles habitudes guerrières – des autres, bien que cette règle ne s’était pas vraiment appliquée face à l’arrivée des Skaikrus. L’ingranrona avait été révolté de voir ceux les rejetant sans leur laisser la moindre chance. Où irait le monde avec un esprit si fermé ?

Mais elle était aussi charmée par l’attitude d la métisse qui se croyait folle de tenir de tel propos. Tout comme elle avait retenu la main de la cavalière auparavant, Nemyt en fit de même en abaissant les doigts masquant la beauté de son visage.

« Tu n’es pas folle ne t’en fais pas. D’habitude j’évite de prendre ainsi la parole, ce n’est pas mon rôle. »

Et heureusement, on ne lui en avait pas tenu rigueur.

« Et je te rassure, être guerrier n’empêche pas des écarts de conduite. Nous sommes sérieux uniquement lors des moments officiels. Quand nous n’accompagnons pas d’ambassadeur, qu’il n’y a pas de guerre et que nous profitons d’instant comme celui-ci, nous sommes qui nous voulons être. Je n’ai jamais été la plus sérieuse des guerrières. »

Et plutôt la première à suivre en cas de coup pouvant mal tourner. La définition même d’une boule d’énergie qui agit et analyse après en cas de problème afin de trouver une solution.

« N’est-ce pas le cas de vos guerriers à Ouskejon ? De profiter de tels instants pur vivre comme l’on souhaite, en oubliant un instant le sang coulé par nos mains ? »