ᕈOLIS
18.04.2019, 11Ħ30

Après avoir été accompagnée à Polis par Elis, je me promenais parmi les stands Terriens. Tout semblait plus simple avec eux. Leurs lois, leurs vies, tout. Il était fascinant de voir que lorsqu’il était question de notre peuple, il fallait discuter justice et procès pour un individus ayant assassiné plusieurs personnes, alors que lorsqu’il était question des natifs, on se fichait de leurs sorts. Je trouve notre peuple égoïste. Ils n’ont pas intégré la coalition par volonté, mais par égoïsme, selon moi, parce qu’ils savaient qu’ils n’auraient plus rien à craindre de l’armée de Lexa, et qu’elle pourra leur apporter la protection qu’ils attendent.

Soupirant, je venais d’acheter ce qui semblait être des fruits, puis je les avais mis dans mon sac. Je devais attendre la jeune femme, avant de revenir à Arkadia, non pas que j’aie peur de me perdre, mais parce que les routes, seules, sont bien moins agréables qu’en compagnie d’une personne qui a les mêmes idées que soi.

Rejoignant un nouveau chemin du marché, je fus assez surprise de croiser Nemyt, parmi les acheteuses. Je savais qu’il était possible que je la voie ici, mais je ne pensais pas cela possible.
Quoiqu’il en soit, j’étais partie la rejoindre, devant un stand de matériaux. Ou de nourriture ? que je ne connaissais pas. Une fois à sa hauteur, mon sourire avait étiré mes lèvres alors que je posais ma main sur son bras, pour éviter de la surprendre.

- Je ne m’attendais pas à te revoir si tôt

Nemyt ou celle a qui je devais d’avoir toujours mon bras, ou même ma tête. C’était une personne que j’admirais, pour tout dire. Elle était bien différente des Skaikru, comme tout natifs étaient différents de son peuple. Mais il fallait avouer que Nemyt avait ce quelque chose en plus : par exemple le fait qu’elle soit la première native à avoir acceptée qu’on puisse parler, et qu’on puisse s’apprécier, et ne pas se faire la guerre, elle avait ce souhait de protéger la coalition, Skaikru intégré, et c’était ça, que je trouvais admirable : malgré les massacres de mon peuple, elle ne reprochait rien à ces-derniers.

Le marché de Polis était un lieu empli de vie. Un endroit qu’appréciait la guerrière où elle voyait se côtoyait toutes sortes de monde. Guerriers, guérisseurs, diplomates. Parfois ennemis hors de ces murs, sous trêve face au symbole de la tour. Azgeda et Trikru pouvaient se côtoyer, et même les Skaikru, tout nouvellement inclus dans le Kongeda, se démarquaient parfois. Pour Nemyt, ce marché offrait une pause, souvent bien mérité, où elle n’avait plus à endosser son rôle de protection envers son ambassadeur. Du moins, quand ce dernier n’était pas présent dans les lieux.

Le bâtiment, orné du symbole des cavaliers se trouvait plus loin, hors de sa vue, alors qu’elle était là afin de compléter sa petite collection d’armes. Lors de ces dernières sorties, elle avait perdu quelques couteaux de lancés et ils lui manquaient à sa ceinture. Alors quoi de mieux que de profiter de la diversité présent à Polis afin de trouver de nouvelles lames affûtées, plutôt que d’attente un éventuel retour sur ses terres ? Une fois les achats faits, elle pourraient toujours les retravailler par la suite pour marquer leur appartenance à la brune.

Cependant, alors qu’elle cherchait son bonheur, ce fut son nez qui fut attiré par l’odeur alléchante de grillades. Divers et variées, les marchandises étaient suspendues, laissant leur senteur attirer les envieux. Effet réussi chez Nemyt qui s’était alors arrêtée dans ses recherches. Elle qui n’avait pas faim, ses papilles étaient désormais en alerte et il en aurait fallu pas plus pour la faire céder, ce qu’elle s’apprêtait même à faire, avant qu’elle ne se sente interpeller par contact. Une simple main sur son bras la faisant se retourner, mais qui aurait pu lui faire avoir une toute autre réaction dans un tout autre lieu.

La cavalière fit face à la jeune femme l’ayant reconnue. Une Skaikru qui aurait pu lui passer inaperçu, mais quelle avait tiré d’une mauvaise passe lors de son retour en ces lieux. Trois mois d’absence l’ayant fait rater l’arrivée de ce peuple aujourd’hui appartenant officiellement à la Coalition, mais qui lui avait permis de faire d’étonnantes rencontres.

« Tu as raison, je pensais que vous étiez retournés à Arkadia après la cérémonie. »

Elle avait été attentive aux conséquences de cet évènement ayant soulevé certaines rancœurs. Nemyt avait fait partie de ceux suivant son ambassadeur, défendant l’intégration de ce nouveau clan contre des refus pauvre en argument. Le faire lui avait attiré les foudres de son frère, il s’inquiétait pour elle, elle qui se trouvait au cœur de la politique de la Coalition. Mais la jeune femme avait une voix forte et si elle n’avait pas autant de poids que son ambassadeur, elle ne se privait pas pour se taire.

« Tu profites du marché de Polis ? »

Une évidence certainement alors qu’elle la voyait ici.

Les gens ne cessaient d’aller et venir près des différents stands. C’était impressionnant de voir la manière avec laquelle cette ville inspirait la paix, et la possibilité de vivre ensemble sans conflits. Les gens étaient, ici, si amicaux et ne semblaient pas si regardant sur l’origine de la personne se trouvant face à eux. Ce devait être pour ça que j’aimais l’ambiance de cet endroit. Où chacun côtoyait son prochain sans le massacrer en guise de message ou de vengeance envers son peuple. Puis il était agréable de voir autant de monde réuni, d’entendre ce brouhaha incessant mais qui montrait la vie de cet endroit. Pas de gardes, pas de disputes, pas de problèmes. Tout semblait si simple ici. Si seulement Addison prenait la peine de venir jusqu’ici, elle verrait tout cela par elle-même, elle verrait comme le monde est beau, mais il semblait que de sortir d’Arkadia était une chose qu’elle n’appréciait guère. Qu’elle pouvait être stupide.

Les stands se mêlaient les uns aux autres et se trouvait relier par un chemin poussiéreux. L’herbe devait ne pas pouvoir pousser avec le passage de toutes ces personnes. Les odeurs aussi se mêlaient et si, à gauche, on pouvait sentir comme une odeur de viande, à droite, l’odeur était bien différente, et je dois bien avouer que je ne savais plus vraiment d’où venait quelle odeur tant il y en avait. En revanche, Nemyt, elle, avait dû réussir à se faire trainer devant l’un de ses stands qui sentaient si bon, à en voir par son regard vis-à-vis de la bouffe présente devant elle. Chose que je trouvais drôle.

De ses dires, elle pensait que j’avais été présente lors du prononcé de la coalition, mais comme à mon habitude, j’étais surtout sortie, hors d’Arkadia, pour pouvoir profiter de cette luxuriante nature, plutôt que de parler de politique avec des natifs de polis qui nous haïssaient. Est-ce que ceci était censé ciblé le peuple Azgeda ? Totalement. Mais soit, je ne venais pas chercher quelconques ennuis, surtout à Nemyt qui n’avait rien d’une Azgeda et que j’estimais beaucoup trop pour lui lancer des pics.

- Eh bien… Je ne suis pas venue à la cérémonie, c’est pas trop mon truc la politique.

Je haussais les épaules, l’observant simplement. Elle, en revanche, semblait bien positionné en ce qui concernait les politiques. Il fallait avouer qu’elle était proche de l’ambassadeur de son clan. Chose plutôt pratique. Des ouïs dires étaient parvenus à mes oreilles, précisant que la réunion concernant l’intégration de notre clan avait fait parler, énormément, au point, ou de nombreux désaccords étaient intervenus.

Soupirant, j’écoutais la jeune femme, face à moi, et hocha doucement la tête. Si je profitais du marché ?

- Oui, c’est pas le genre de chose qu’on faisait par chez nous.

Elle se mit à rire, doucement. Evidemment qu’on ne faisait pas ça, et puis de toute façon, ce n’est pas comme si nous le pouvions. Nous n’avions rien d’autres qu’une sciences périmées de près de 100 ans. A quoi bon se servir d’une science de l’époque urbaine alors que la seule chose qui se ramenait le plus à de l’urbanisation était la tour de Polis ? Ce n’est pas comme si mon peuple pourrait se spécialiser dans l’électricité ou la plomberie, ici. Ou alors seulement pour recréer tout cela, impliquant alors que chacun d’eux aient une connaissance suffisante.

Si on lui avait parlé d’une possible amitié avec une personne venue du ciel, Nemyt aurait ri au nez de l’opportun lui ayant raconté cela. Et pourtant, la voilà à retrouver une jeune découvrant une vie totalement différente, alors que ce nouveau peuple appartenait désormais à la Coalition. La brune restait sceptique face à ce que cela pouvait donner, face aux tensions existantes. C’est un petit peuple, des coutumes différentes et un départ chaotique. Si demain une nouvelle guerre éclatait, elle n’en serait pas surprise, mais elle savait qu’elle ne serait pas de ceux jetant de l’huile sur le feu dans cette histoire. La jeune femme voulait que Skaikru puisse avoir leur chance, comme tout clan l’avait eu. Et cette chance, elle la donnait par le biais de ces amitiés pouvant se nouer, de façon parfois surprenante, quand elle avait aidé Azhalee une fois.

Depuis la cérémonie, les gens du ciel se faisaient moindres dans les rues de Polis. Elle avait entendu dire qu’une grosse partie était retournée dans leur camp, mais des plus curieux restaient, tout comme la plus jeune qu’elle retrouvait avec entrain. La guerrière eut un léger rire d’amusement. La politique n’était pas pour tout le monde. Elle, elle avait le pied dedans de par sa fonction et c’est ainsi qu’elle avait pu découvrir cette passion des jeux de mots. Mais pour beaucoup, cela restait d’un ennui mortel, et parfois incompréhensible.

« Tu as bien fait, je crois qu’on est pas passé loin de l’incident diplomatique. »

Quoi que, il avait dû avoir lieu avec l’exécution sans nul autre procès de l’ambassadeur Azgeda. Nemyt n’en avait rien dit sur le coup, mais elle en avait discuté avec son aîné par la suite. Pour elle, c’était justifié de par les propos tenu par cet homme ayant remis en doute la légitimité de Heda. Une belle connerie qui mettait à mal cette nation belliqueuse. Mais la jeune femme se sentait chanceuse. Elle avait pris un risque en prenant la parole, avant que celle-ci ne rejoigne celle de son chef de clan. Un pari risqué si l’inverse s’était produit, mais Ingranronakru s’était positionné en faveur de ce nouveau clan, lui donnant en quelque sorte raison.

Mais la cérémonie était désormais terminée et la vie reprenait son cours à Polis, tout comme avec ce marché dont elle profitait, à l’origine pour refaire son stock d’armes, pour finalement se laisser attirer par quelconque odeur alléchante. Quelque chose d’habituelle pour elle, mais elle découvrit que ça ne l’était pas pour Azhalee. Une surprise qui put se lire brièvement sur son visage. Le marché était plutôt une notion simple du passé, alors qu’il permettait d’échanger le savoir-faire de bon nombre de personne.

« Vous n’en aviez pas là-haut ? Comment vous faisiez alors ? »

De quoi la rendre que plus curieuse de leur façon de vivre. S’ils n’y avaient pas de marché, comment commerçaient-ils ? Et comment échangeaient-ils les connaissances de chacun ? Car si elle avait raté leur arrivée, elle n’avait pas raté l’occasion d’en apprendre plus. La guerrière n’avait pas encore eut l’occasion de découvrir ce qu’ils appelaient Arkadia et n’avaient que les dires de ceux l’ayant vu. Mais si elle se promettait bien une chose, c’était de pouvoir profiter d’une absence pour découvrir leur lieu de vie et ainsi mieux cerner les différences existantes.