Les événements qui s'étaient produits au Mont Weather quelques mois plus tôt avaient laissé Ontari quelque peu perpexle. D'aussi loin qu'elle pouvait se souvenir, elle avait toujours haï cet endroit et les personnes qui y habitaient. Les choses horribles qu'il s'y étaient passées la dégoutaient au plus haut point. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle avait été ravie d'apprendre la destruction de l'endroit et avec lui, les hommes des montagnes. Ceci, ou bien simplement son goût très prononcé pour la guerre et la violence. Il faut dire qu'elle n'avait pas été élevée par n'importe qui. La reine Nia de la Nation des glaces lui avait transmit son antipathie légendaire et son aversion envers tout ce qui lui était étranger.

Cependant, savoir que les Skaikrus étaient à l'origine de ce phénomène la répugnait. Elle ne connaissait pas ce peuple, du moins pas personnellement, mais elle était loin de les porter dans son cœur. Elle les considérait comme des intrus, tout simplement. Alors, lorsque tout le monde commençait à parler de Wanheda, la grande commandante de la mort, elle partagea sans hésiter le point de vue de sa reine : il fallait s'approprier son pouvoir.
Ainsi, Nia ordonna à Ontari d'aller se renseigner à son propos. Elle voulait savoir qui elle était exactement et surtout où elle se trouvait. Ontari n'appréciait guère se voir donner des ordres sans arrêt, elle dont les veines regorgeaient de sang d'ébène, sang qui était considéré comme plus pur et plus important que celui de sa souveraine. Mais sa relation avec elle était plus compliqué qu'il n'y paraissait. Elle l'avait arraché à sa famille lorsqu'elle n'était qu'une enfant, elle avait grandi dans un environnement sombre. Mais elle l'avait aussi élevée malgré tout, elle lui avait apprit à se battre et à se défendre. Elle l'avait empêchée d'avoir une éducation propre aux Natblidas à Polis, mais elle lui avait quand même inculqué toutes les caractéristiques nécessaires pour être une grande guerrière et probablement une commandante redoutée. Elle avait juste à attendre son tour.

Ontari quitta donc les terres d'Azgeda pour honorer la mission que Nia lui avait confiée. Elle savait bien que c'était dangereux pour elle de s'aventurer hors d'Azgeda et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce c'était une Natblida. Ensuite, elle appartenait à la Nation des Glaces, peuple qui n'était pas apprécié de tous. Et rien de servait de le cacher, les cicatrices sur son visage, marque d'appartenance à Azgeda, la trahissaient. Et enfin, car elle faisait partie de la garde rapprochée de Nia. Cependant, elle n'était pas plus inquiète que ça. En cas de problèmes, elle pouvait compter sur son épée sa plus grande alliée qui ne l'avait jamais déçue.

Son chemin la mènerait à Polis, mais avant cela elle passerait par la forêt, là où elle pourra facilement se mettre à couvert.
Elle savait qu'elle pouvait faire des rencontres sur sa route, et elle y était préparée. Et c'est ce qu'il se produisit. Après de bonnes heures de marche, l'Azgeda s'arrêta en apercevant non loin d'elle un groupe de natifs. Elle ne reconnu pas tout de suite à quel clan ils appartenaient mais elle n'eut pas de mal à comprendre qui était leur leader. Une femme à la crinière de lion. Elle s'avança en tachant de rester discrète et attendit que l'inconnue se retrouve à l'écart des autres pour l'approcher de dos. Son épée pointée devant elle dans la nuque de l'étrangère, elle prit enfin la parole.

- Chon yu bilaik ?
(Qui es tu ?)

La sécurité n'existait pas. Ce n’était qu'une illusion créée par l’esprit afin de laisser croire que rie’ ne pouvait arriver. Être chef de clan n’offrait aucune sécurité. Être guerrier ou Natblida non plus d’ailleurs. Les lieux n’ont plus n’était jamais sécuritaire. La forêt était aussi dangereuse que le plus mortel des glaciers. La preuve en était cette épée menaçant le cou de la Floukru si reconnaissable de part sa chevelure indomptable. Luna s’était stoppée à la sensation froide du métal, mais pas un instant elle ne craignait le fléau mortel de cet acier. Si le détenteur tenait réellement à lui ôter la vie, alors jamais il n’aurait prit le temps de la questionner. Il aurait tranché, de façon net, afin qu’aucune réplique ne soit possible.
Luna avait rejoint la forêt de Trikru afin de répondre à cet appel proclamé par Heda. La Cérémonie des clans, une festivité annuelle afin de célébrer la Coalition. Rare avait été les fois où Luna s’y était rendue. Malgré la l’illusion de paix, elle savait que sa place n’était pas à Polis. La traître a son sang n’avait pas à être vue la bas. Certains s’amusaient à y voir une provocation alors que d’autre prenaient plaisir à lyncher sa volonté pacifique. Quelle ironie, d’arriver à en oublier que cette femme si peu appréciée avait été formée pour remporter le conclave et ainsi prendre le plaisir marcher sur ses idéaux. Seulement ce n’était pas cela qui avait retenu Luna de revenir sur Terre. Les dires des uns et des autres lui passait au-dessus de la tête et jamais elle ne retenais ces simulacres. Si la Floukru prenait un tel plaisir à rester en mer, c’était afin de rester en harmonie avec la douceur de l’océan.
Et pourtant, la native avait franchi ce mur d’eau si précieux, prenant la route de Polis. Les rumeurs s’averaient vraies. Une paix était de mise avec ce peuple tombée du ciel. Lexa avait enterré la haché de guerre avec son ennemi et cela attisait la curiosité de la jeune femme. Ce qu’elle avait appris de ce peuple, des Skaikru, c’était surtout par les retour verbaux. Luna ne s’était pas rendue sur le continent depuis leur arrivée.
N’en restait pas moins cette arme menaçant la Floukru qui profitait d’un peu de solitude dans cette forêt. Ses compagnons de voyage était resté au campement, elle était seule face à cet adversaire dont elle ne connaissait pas le visage. Un soupir lui échappait sans qu’elle n’esquisse le moindre geste.
« Votre menace n’est pas des plus convaincantes. »
Il lui suffisait de faire un pas pour échapper à la morsure mortelle et ce fut d’ailleurs ce qu’elle fit. Un pas agile afin de ne pas laisser le temps de répliquer, accompagné d’un demi tour pour finalement faire face à son ennemi. C’était risqué, mais Luna ne comptait pas rester plus longtemps à la merci de cette jeune femme portant des stigmates digne de certains clans. Azgeda certainement.
« Je suis Luna Kom Floukru. A qui ai-je affaire ? »
C’était légitime de cette jeune femme de vouloir savoir, mais Lu’a souhaitait aussi connaître l’identité de son agresseur. Il était dangereux de s’en prendre à un chef de clan et elle était curieuse de voir qui ignorait son identité.
//Désolé s'il y a des fautes, mon correcteur veut pas m'aider x) Et sinon Luna parle en trigedasleng, j'ai juste pas pu traduire car j'ai écrit sur mon téléphone

Luna Kom Floukru. Pourquoi ce nom lui semblait si familier ? Elle ne la connaissait pas mais elle était sûre d'avoir déjà entendu parler d'elle. N'était-elle pas une criminelle, une native recherchée ? Elle devait forcément l'être, comment aurait elle pu entendre parler d'elle sinon.
Maintenant qu'elle s'était retournée et que la femme à la chevelure de lionne lui faisait face après s'être libérée de la menace de sa lame, elle observait son visage. Ou plutôt, elle planta son regard dans le sien. Elle essayait de voir à travers les yeux de la Floukru. Les intentions d'Ontari n'étaient pas de tuer ni de blesser la native. Elle était juste prudente.
« Qui a parlé de menace ? Disons juste que c'est ma manière de dire bonjour. »
Dit-elle avec une insolence à la limite de l'acceptable. Si on devait attribuer des prix sur cette Terre, Ontari recevrait sans hésiter celui de la gentillesse incarnée. Ça lui allait tellement bien. Et elle n'avait même pas besoin de se forcer.
« Je suis Ontari Kom Azgeda. »
Finit-elle quand même par répondre. Maintenant elles étaient quittes, toutes les deux savaient à qui elles avaient affaire.
Et tout à coup, comme un éclair venu de nulle part, ce nom qui résonnait dans sa tête prit enfin tout son sens. Luna. N'y avait-il pas une Natblida qui avait fuit son conclave et qui portait ce nom ? Voilà pourquoi ce prénom lui parlait tant. C'était elle, la lâche, la traître à son sang. Elle en était maintenant persuadée. Et si elle avait vraiment raison quant à l'identité de la jeune femme, c'était la première fois qu'Ontari se retrouvait face à une autre Natblida.
À cette pensée, un sourire cynique vint étirer ses lèvres. Cette rencontre, aussi improbable fût-elle, ravissait la brune. Elle était étrangement contente de voir quelqu'un "comme elle". Même si au fond, l'attitude dont avait fait preuve la Floukru lors de son conclave la dégoûtait. À sa place, elle n'aurait jamais fuit. Bien au contraire, elle aurait tout fait pour le remporter et éliminer tous les autres éligibles au titre de Heda. Depuis toute petite, Nia la bassinait là-dessus et lui répétait sans cesse qu'un jour ça serait à son tour. Et elle attendait ce moment avec impatience, elle en rêvait. Elle aurait tout donné pour être à la place de Luna, absolument tout. Elle aurait tout sacrifié, rien d'autre ne lui importait. Et c'était sûrement ça qui faisait toute la différence entre les deux Natblidas. Le sang qui coulait dans leurs veines avait beau être le même, les deux jeunes femmes elles n'avaient rien d'autre en commun. Et pourtant, sans même la connaître plus que ça, Ontari enviait Luna. Elle enviait la vie qu'elle avait eu la chance d'avoir. Comment avait-elle pu refuser de la vivre ? Les yeux plantés dans les siens, c'est avec froideur qu'elle prononça ce simple mot :
« Natblida. »

Azgeda n’était pas réellement un clan que Luna portait dans son cœur. Si auparavant elle avait appris à tous les mettre sur un pied d’égalité, de tous les accepter comme ils étaient et si leur violence ne la dérangeait guère, aujourd’hui son jugement en était tout autre. Et cette pensée n’allait pas en s’améliorant alors que la brune se présentant comme appartenant à cette nation avait signifié sa simple volonté de dire bonjour. Une salutation selon ses dires, mais une provocation selon l’interprétation de la jeune femme. Elle n’y avait répondu par la violence seulement grâce à cette part des choses qu’elle avait apprise à faire et ce refus de répondre au mal par le mal.
Elle avait changé durant ces années, cette femme portant le titre de Natrona. Les enseignements du défunt Heda et de Titus restaient en son esprit, mais bien scellé au fin fond de celui-ci alors que ceux de la mer prônaient aujourd’hui.
Ainsi, l’insolence de cette guerrière ne lui faisait ni chaud ni froid. La Floukru était restée impassible, ne laissant aucune pensée se trahir sur ses traits. Il n’y avait aucun mépris de cette façade de visage, mais au fond elle ressentait une certaine tristesse à voir les gens de ce monde ne connaître que cette violence dont ils usaient à tout vas. La jeune femme ne comptait même plus le nombre de personne qu’elle avait aidé à quitter cette voie et qui, en ce jour, n’était plus la bienvenue sur le continent. Comme si la violence restait la seule loi à laquelle répondre. Jus drein jus daun n’avait jamais été une solution, Heda elle-même commençait à le voir selon les rumeurs.
Mais il y avait tout de même du mépris dans ce face-à-face, de la part de la guerrière de glace. Nul besoin d’être expert pour comprendre ce que trahissait son ton alors que le sang de l’ancienne novice venait d’être évoquée. Nulle part où elle allait, hors de la plateforme, cette distinction était oubliée. Si en plusieurs années elle s’était attelée à la dure tâche de changer, pour tout le monde elle restait cette Natblida ayant fui le conclave, une Natrona aux yeux de tous. Douce ironie alors que personne ne connaissait les véritables raisons de son choix. Des raisons qui lui donnait cette légitimité de vivre, d’être à la tête d’un clan pacifique, alors que la miséricorde, l’indulgence, avait dicté ce choix de ne pas répondre au trône de Heda par le sang. Et si aujourd’hui, on lui proposait ce dit trône, elle le refuserait tout comme elle l’avait refusé en fuyant Polis.
« Ne vous obligez pas à faire preuve de politesse, Gona kom Azgeda. Votre mépris transcende vos paroles. »
Luna restait calme face à une telle attitude. Elle avait accepté d’être la paria de ce monde, et en l’acceptant, elle encaissait en silence les remarques. Finalement, ça l’amusait presque de voir cet esprit fermé chez bon nombre de personnes qui refusait aujourd’hui la présence d’un nouveau clan. La raison de sa venue, alors qu’elle n’en avait entendu que les rumeurs ayant navigué sur les vagues, et qui aujourd’hui était en passe de voir leur sort décidé par Heda.
« Faites-vous preuve d’autant de miséricorde envers les invités de Heda ? Ou les accueillez-vous avec autant de bienveillance ? »
Si le mépris avait transcendé Ontari, l’ironie était pour l’heure l’arme de Luna. Si elle avait abandonné le fer des lames, les mots étaient devenus son outil de prédilection. Tout pouvait être dit afin de faire passer des intentions dans la plus grande des diplomaties. Elle ne connaissait pas cette Azgeda, mais même guerrière, celle-ci ne lui faisait pas peur. Et si la Floukru ne connaissait pas la réelle nature de cette femme lui faisant face, le savoir n’aurait changé en rien son attitude. Un être humain restait ce que la nature faisait de lui : un être humain, mortel face à ce monde ayant pris le dessus sur eux.

« Je n'ai aucune leçon à recevoir de ta part. Natrona. »
Cette Luna avait raison sur un point, Ontari n'était pas du genre à faire semblant d'être polie ou agréable. Dès lors qu'elle avait pointé son épée sur la nuque de la Floukru, l'Azgeda avait annoncé la couleur. Elle n'était pas là pour faire ami-ami avec cette étrangère et encore moins maintenant qu'elle connaissait son identité. Jamais Ontari ne pourrait se lier d'amitié ou éprouver le moindre sentiment positif pour la Natrona qui lui faisait face. Et elle n'avait pas besoin d'en apprendre plus sur elle pour se faire un avis. Elle en avait déjà un. L'éducation qu'elle avait reçue de la part de Nia n'avait laissé aucune place à la sympathie ou tout ce qui s'y rapportait. Depuis son plus jeune âge on lui avait bourré le crâne sur les autres clans et les Natblidas. Toute personne n'appartenant pas à la Nation des Glaces était un ennemi. Tout autre Natblida était une menace pour sa propre survie, et donc un danger à éliminer. Alors il était difficile pour Ontari d'agir avec autre chose que du mépris dans la voix et dans le regard face à Luna.
« Les invités de Heda... »
Elle avait prononcé ce dernier mot avec dégoût, comme si elle l'avait craché.
« Ils ne valent pas mieux. »
Au moment même où elle parlait, l'Azgeda n'avait encore jamais vu de Skaikru de ses propres yeux, mais elle les détestait déjà. La haine et la colère qu'elle ressentait quant à la venue de ce nouveau peuple sur terre pouvait clairement se lire dans ses yeux. Elle avait tant d'animosité en elle qu'elle ne saurait réagir autrement face à tous ces nouveaux événements qui se produisaient. Même si elle l'avait voulu, elle aurait été incapable de bien se comporter avec la Floukru. Si elle n'était pas une sang d'ébène elle aussi, peut-être ne se serait-elle pas attardée plus que ça à ses côtés. Mais à mesure que la brune regardait la femme à la crinière de lionne, la jalousie la dévorait un peu plus à chaque seconde qui passait. C'était un sentiment qu'elle ne pouvait pas contrôler, comme un démon qui grandissait en elle. Et la voir là sous ses yeux, si calme et si paisible, elle en devenait presque folle. Plus son visage était déformé par le dégoût, plus sa main se resserrait sur son arme, à tel point qu'on pouvait parfaitement voir ses veines ressortir et se gonfler. Si seulement Luna savait la véritable raison pour laquelle Ontari la méprisait autant.
La manière dont elle parlait des Skaikrus, comme s'ils faisaient déjà partie de la Coalition... Les deux jeunes femmes venaient à peine de se rencontrer et Ontari rêvait déjà de la renvoyer d'où elle venait. Elle ferma les yeux en prenant une grande inspiration, tentant de se calmer et de retenir la rage qui bouillonnait en elle. La Floukru voulait la jouer diplomate avec ses belles phrases bien pensées ? Alors Ontari allait en faire de même. Peut-être pourrait elle en apprendre plus sur la Natblida par la même occasion, et sur les raisons qui l'ont poussée à fuir son conclave. Ainsi, elle relâcha la pression qu'elle exerçait sur le manche de son épée et arbora un sourire sur son visage à la place.
« Tu as peut-être réussit à échapper au combat lors de ton conclave, mais tu ne pourras pas fuir celui qui se profile avec l'arrivée des Skaikrus. »

Natrona… Il n’avait fallu que peu de temps avant que ce surnom, définissant Luna, ne sorte. Si avec cela, la brune espérait faire sortir la Floukru de ses gonds, s’était peine perdue. L’ancienne Trishana avait appris à l’accepter comme tel. Un titre lui jetant une ombre depuis la fin de son conclave. Natrona, Natblida chon ron we sadgeda, Natrona gon em jus , et bien d’autre. Des appellations visant à la priver de son identité afin de rappeler uniquement les faits. Et pourtant, la jeune femme ne se considérait ni comme une traitre, ni comme une fuyarde. Elle avait ouvert les yeux et avait su trouver la force de faire le choix qui était sien et non qu’on lui imposait.

L’ancienne guerrière ne proclamait pas sa parole comme riche d’enseignement. LE simple constat était relevé et elle laissait Ontari le prendre comme elle le souhaitait. Encore une chose qu’elle avait apprise grâce à la méditation, que de ne plus s’offusquer et prendre pour soit ce qui était parfois dit ainsi. Elle se doutait qu’elle serait visée de propos plus ou moins… courtois, mais si des années avant elle se serait indignée de ceux-ci et chercher à se défendre, aujourd’hui il n’en n’était rien. Luna laissait les autres s’épuiser de leur propre mépris, faisant preuve de bienveillance sans distinctions. Ce n’était parfois pas toujours simple, mais si elle souhaitait tirer le bon de l’humanité, il lui fallait laisser une chance à tout le monde.

« Que sais-tu donc d’eux afin de les juger aussi radicalement ? Ne nous ont-ils pas débarrassés de la menace de la montagne ? »

Encore un constat alors que Luna n’avait qu’entendu des rumeurs à ce propos. La chute de la montagne ne l’avait pas autant enjailler que certains. Car, si les plus dangereux avaient péri de par Wanheda, les plus innocents aussi. On avait beau lui avoir dit depuis sa plus jeune enfance que les maunons n’étaient que des démons, il lui était impossible de croire que tous étaient coupable sans un seul innocent dans cette histoire. Et ceux n’ayant jamais eu de sang sur les mains… ils avaient disparu sans que quiconque ne leur laisse la chance de vivre. Skaikru avait beau dire ce qu’ils souhaitaient par la suite, ils étaient semblables à la philosophie de la Coalition qui était de verser le sang en réponse au sang versé.

Observant Ontari, Luna pouvait voir ses expressions changer sans connaître le fin fond de sa pensée. Il était toujours intéressant de voir comment le corps exprimait ce que la parole gardait enfermée. Une façon de déceler le mensonge pour beaucoup, mais aussi d’appuyer la vérité. Or, de ce que la Floukru pouvait bien voir de la guerrière, c’était cette contenance qu’elle gardait alors que la femme à la chevelure indomptable se doutait que, tout autant que la couleur de son sang dérangeait, ce qu’elle représentait n’était pas acceptable pour beaucoup. Refuser de prendre les armes, un choix décrié par une grande majorité.

« Et qui donc laisse entendre que je cherche à fuir ce qui se profile ? Heda a signé une trêve avec ce peuple, un choix que nous devons tous respecter pour le bien de la Coaltion. Pourquoi donc Azgeda cherche toujours le conflit là où il ne se trouve pas ? »

Ce n’était en aucun cas un sarcasme de la part de Luna qui cherchait réellement à comprendre d’où venait cet état d’esprit lié à la guerre. Pourquoi la paix semblait-elle si inacceptable alors que c’était ce qui permettait à l’humanité d’évoluer ?

« Un conclave passé ne peut pas être comparable à l’avenir du Kongeda. Les combats d’hier ne seront pas ceux de demain. Si Heda fait de nouveau appel à l’armée des douze clans, alors floukru répondra. Sans cela, nous ne sommes en aucun cas obligé de déclarer une guerre qui ne causerait que des pertes dans chaque clan. »

Car jamais aucune victoire ne s’est faite sans faire couler le sang. Un fait indéniable que Luna tentait de minimiser en protégeant les siens. Si certains des siens avaient accepté de rejoindre Heda pour affronter la Montagne, cela avait été l’unique fois où Floukru s’était associé à un conflit. Un accord passé à leur propre intronisation, où le peuple des bateaux pouvaient vivre en paix en échange de cette acceptation de l’appel de Lexa.