(( Quelques jours après la fuite de Luna du Conclave. ))
Guerriers et guerrières de tout clans étaient en alerte. La natblida en fuite avait soulevé les peuples et provoqué l'indignation de tous. Sa lâcheté déshonorait son clan qui pourtant l'avait mis sur un piédestal. Seulement, ce n'était pas la seule conséquence de son acte. Les peuples se trouvaient sans Heda puisque le sacre du futur commandant avait été décalé suite au soulèvement des Trishanakru. Personne ne connaissait le nom du grand vainqueur hormis les fleimkepa et quelques privilégiés. Les autres tentaient tous de mettre la main sur la traître qui avait bafoué la tradition. Tous. Même cette enfant âgée seulement de treize ans.
Suivant les traces de son père, Thaïs portait une épée à la taille ainsi qu'un poignard à la cuisse. Elle n'avait pour le moment aucun tatouage sur le visage mais les marques que lui avait dessinés Unaï étaient bien suffisantes. Ses peintures dévoilaient son désir de vengeance. Ce sentiment qu'elle croyait ancré en son cœur depuis que la sœur d'Azur avait quitté le conclave et manqué de respect à son propre frère qui allait devenir Heda. Tant de choses qui lui semblaient certaines dans son esprit enfantin et qui pourtant n'étaient que vague illusion. Thaïs n'avait aucune certitude sur la possible victoire de son ami Azur. Elle s'était lancée dans cette chasse en croyant qu'elle faisait cela pour son peuple mais finalement, elle ne faisait cela que pour deux hommes. Son père dont elle voulait perpétuellement les louanges et l'attention comme tout enfant, et son ami.
Son cœur était encore bien trop pur pour faire preuve de haine et se rendre compte de la cruauté de ce monde.
Ils avaient marchés jusqu'à Tondc où son père avait discuté avec une prénommée Indra. Voyant que l'échange ne s'envenimait pas, Thaïs comprit que les deux se connaissaient depuis un certain temps. Ce fut sûrement pour cette raison qu'elle les laissa passer. L'enfant ne posa pas plus de questions, restant derrière la stature imposante de son père. Sur la route, chaque millimètres de forêt était inspecté. Si Luna se cachait parmi la flore, elle ne tarderait pas à être retrouvée. Seulement, malgré leur avancée, ils ne la trouvèrent pas. Il n'y avait aucun individu sauf peut-être un garçon, un peu plus âgée que la brunette. Il était passé un peu plus loin mais courrait tellement vite que personne ne le remarqua hormis l'enfant. En tout cas, c'était un garçon, il n'avait rien à voir avec leurs recherches. Ce fut ce qu'elle pensa d'abord.
Continuant leur chemin, ils ne tardèrent pas à atteindre Polis où leur chef de clan rencontra d'autres personnes dont le visage ne disait rien à la petite. C'était la première fois que cette dernière mettait les pieds dans la capitale et c'était assez impressionnant pour elle. Prenant un peu de liberté, elle décida de s'aventurer dans les rues, d'observer ce que les Trikru vendaient. Puis, alors qu'elle s'apprêtait à retourner auprès de son peuple, le garçon qu'elle avait aperçut la fois dernière entra dans son champ de vision. Il était encore seule et se dépêchait de traverser les allées. Fronçant les sourcils, la fille d'Unaï commença à marcher dans sa direction. Et si c'était un espion ? Et s'il les suivait pour qu'un clan ennemi leur tende une embuscade ? Elle était déterminée à le suivre mais une main puissante l'attrapa par le bras. Ses yeux noirs se tournèrent soudains pour voir le visage mécontent de Ocha, l'une des membres de leur armée.
« - Osir laik in baga territory. Nou go like bilaik. »* Dit-elle d'un ton sévère.
« - Ba ai saw a g- »**
« - Shof op. »*** La coupa-t-elle en la faisant avancer de force vers le groupe.
Les jours suivants, ils ne trouvèrent toujours pas Luna et le garçon qu'avait vu Thaïs n'était pas revenu. Peut-être s'était-elle trompée finalement ? Les Trishanakru étaient énervés et frustrés de ne pas réussir à retrouver une simple enfant. Ce comportement les poussaient à être de plus en plus agressifs même envers ceux qui étaient innocents. Vint même un jour où ils mirent un village sans dessus dessous et tuèrent l'un des fermiers qui voulait protéger sa famille. Leur excuse ? Ils pensaient qu'ils cachaient la natblida. Cependant, Thaïs savait que ce n'était que mensonge et qu'ils voulaient simplement passer leurs nerfs. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ce spectacle assombrit l'image parfaite qu'elle se faisait de leur armée mais aussi de son père. Mais comme le disait l'adage : « Jus drein, jus daun ».
Le soleil se coucha une nouvelle fois alors qu'ils approchaient doucement de la zone morte. Personne ne s'y aventurait. Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi. Cet endroit était un véritable cimetière. Mais, pour quelqu'un qui cherchait à fuir, c'était la zone idéale. Le lendemain il s'aventurerait un peu là-bas mais n'iraient pas trop loin. Ils ne devaient pas perdre l'un des leurs.
Le feu crépitait tranquillement. Plusieurs hommes et femmes se reposaient avant que ne vienne leur tour de garde. Thaïs aurait dû tomber dans les bras de Morphée elle aussi, mais elle n'avait pas sommeil. Tandis qu'on lui avait ordonné de rester près de Jakub, elle avait décidé de n'en faire qu'à sa tête et de faire le tour de leur « camp ». La forêt était extrêmement calme malgré leur présence.
La main sur son poignard, la brune avançait un peu plus loin. Il ne devait y avoir aucun risque pensait-elle. Mais non loin, des pas se faisaient entendre et deux silhouettes couraient dans la direction opposée. Le ventre de l'enfant se noua soudainement tandis qu'elle tournait son visage vers le feu. Si elle les prévenait, ils les perdraient. Et si c'était elle ? Luna ? Et l'autre serait peut-être le garçon ? La fille d'Unaï ne perdit pas une minute de plus. Sortant son poignard de sa poche, elle courut derrière eux tout en tentant d'être la plus discrète possible. Ils avaient une sacrée avance sur elle, il fallait l'avouer mais elle devait continuer. Elle rendrait fière son clan si c'était elle qui trouvait la natrona.
Le vent lui sifflait dans les oreilles, l'empêchant d'entendre ce qui se produisait autour. Ses yeux sombres étaient grands ouverts et ne perdaient pas de vue les deux silhouettes. C'était stupide. Cette pensée traversa son esprit quelque secondes mais ses jambes se déplaçaient vers eux par automatisme. L'adrénaline lui montait à la tête. Son souffle devenait plus court au fur et à mesure mais eux ne semblaient pas fatiguer. Il fallait continuer.

Dégageant les branches à coup de poignard, elle s'enfonçait d'autant plus dans la flore jusqu'à ce que les deux silhouettes ne s'arrêtent brusquement. Le cœur battant à mille à l'heure, Thaïs se précipita derrière un arbre. Elle reprit son souffle un instant avant de se tourner pour voir où ils étaient mais ils avaient disparus. L'adrénaline retomba alors précipitamment laissant la place à la panique. Était-elle repérée ? Elle n'attendrait pas qu'on vienne la tuer pour le savoir. Quittant son arbre, elle avança le dos courbée afin de ne pas se faire voir. Elle arriva bien vite à l'emplacement où elle les avait vu juste avant qu'ils ne disparaissent mais il n'y avait rien. La Trishanakru ne distinguait même pas des traces de pas. Soupirant, elle se releva pour observer les alentours quand enfin une lumière sembla jaillir d'une cavité rocailleuse. Du feu ? L'enfant s'avança doucement, ne faisant aucun bruits. Le poignard face à elle, elle se dissimula derrière un buisson face à la grotte où provenait la lumière. Relevant discrètement la tête, elle put enfin les voir. C'était bien le garçon qu'elle avait aperçut à quelques reprises mais cette fois il n'était pas seul. Une fille aux cheveux épais étaient là. De profil, les flammes dévoilaient un visage presque identique à celui d'Azur.
« - Luna... » Souffla l'enfant comme pour se féliciter de sa victoire.


Trigedasleng :
*Nous sommes en territoire ennemi. Ne pars pas comme ça.
**Mais j'ai vu un g-
***Tais toi.
Natrona : Traître.

PS : j'ai pas trouvé de faceclaim pour les faire enfant donc on se servira de ce gif.

La fuite était une chose que l'on n'avait pas apprise à Luna. La traque cependant, la chasse, comment mener sa cible à l'épuisement afin d'emporter la victoire, cela, le défunt Heda le lui avait enseigné, à elle comme aux autres novices. À cette heure, ils devaient d'ailleurs avoir tous péri, jusqu’à ce que le dernier soit proclamé Heda. Cela ne serait pas elle. Ni son frère d'ailleurs, alors que son sang, aussi noir que l'ébène, avait séché sur la lame de sa lance. Luna aurait pu nettoyer l'acier, effacer cette preuve de ses méfaits afin d'honorer la mémoire des commandants, mais elle le voyait comme un actuel rappel de ce qu'elle avait été capable de faire. Ce scrupule qu'elle n'avait pas eu à ôter la vie de son cadet et à partir à la chasse d'un autre de ses confrères. Cette lance était là pour le lui rappeler afin que jamais elle n'oublie le prix de ses actes, alors que chaque clan était en branle-bas de combat afin de la retrouver.

Le feu crépitait dans la grotte ou l'adolescente avait trouvé refuge. Ses plaies avaient été bandées et les traces de sang séché nettoyer. Personne ne devait savoir qu'elle était la traître ayant fui le Conclave, personne ne devait connaître la couleur de ce liquide coulant dans ses veines. Face à elle, un garçon d’à peu près son âge s’occupait d’entretenir le feu. Depuis qu’ils avaient tous deux trouvé cet abri, la natblida n’avait prononcé mot. Elle restait plongée dans son silence, les genoux remontés contre elle, se demandant ce qui allait se passer par la suite. Elle avait conscience des conséquences de ce qu’elle avait fait. Jamais un Natblida avait pu échapper à son devoir et la mort attendait tous ceux commettant cet irréparable.

Alors que plusieurs jours s’étaient déjà écoulés depuis le sanglant massacre, un Heda avait dû être choisi mais Luna ne s’était pas trouvée assez proche de Polis pour entendre la corne de la victoire sonner. Qui avait bien pu être choisi, elle ne pouvait qu’émettre des hypothèse, mais le nom de Lexa persistait dans son esprit. Lexa… celle qui l’avait vu tourner les talons alors que c’était en lui faisant face que Luna avait eu sa révélation. La vie de la Trikru avait été épargnée par celle n’ayant désormais plus de clans, car elle était indéniablement sûre de l’emporter sur la plus menue des deux. À l’annonce de la mort du commandant, sa seule crainte avait été Azur, son frère, celui qui avait partagé les mêmes parents. C’était pour cette crainte qu’il avait été son premier opposant, elle avait provoqué ce combat afin qu’elle ne se laisse pas affaiblir. Et à quoi bon ? La voilà reniée de tous. Elle ne pouvait retourner à Trishanakru, elle était un déshonneur pour eux. La zone morte avait été une idée, mais c’était aussi le premier endroit passé au crible fin, là où tous savaient qu’étaient exilés les frikdreina, et sans compter la connaissance des lieux par Sangedakru.

Alors la petite avait erré, fuyant jusqu’à tomber sur ce garçon à la peau chocolat. Lincoln, qu’il s’appelait, l’avait aidé et ce fut ainsi que cette grotte avait été trouvée. Cependant, Luna ne pouvait entièrement profiter du semblant de sécurité qu’offrait la cavité. Si l’unique ouverture leur limitait le rayon de surveillance, elle ne cessait d’être sur le qui-vive, sursautant à la moindre noisette jetée par un écureuil, passage d’un serpent à la recherche d’une souris dans les fourrés, ou tout autre bruit naturel dans ces lieux. À garder le silence, tous les autres sons de la nature étaient démultipliés, complétés par le crépitement du bois sous l’assaut des flammes. Et pourtant, malgré cet état d’alerte qu’avait la jeune fille, elle ressentait aussi une certaine sérénité. Elle ne pleurait pas les morts, on lui avait appris à toujours les refouler au fin fond d’elle-même. Mais cette quiétude présente… Elle l’aidait à faire le vide en elle, à accepter ce qu’elle avait fait.

Lincoln fut le premier à remarquer quelque chose à l’extérieur. Plongée dans sa contemplation des flammes, Luna en avait oublié quelques instants que la nuit ne stopperait pas sa traque. Il avait redressé la tête et le regard de l’adolescente le suivit pour voir les fourrées assombris par la seule présence de la lune. Un échange silencieux se fit entre les deux jeunes et la natblida fit tomber sa lance, posée contre la paroi, d’un coup de pied afin de laisser la pointe retomber dans l’obscurité de la grotte. Personne ne devait savoir. Sa poigne se raffermit sur le couteau qu’elle avait déniché dans une habitation endormie. Cela ne pouvait être qu’une bête sauvage intriguée par les flammes, mais l’ancienne Trishana ne pouvait prendre le risque de baisser sa garde. Le visage salit par sa fuite, elle espérait ne pas être reconnaissable et cela pouvait être qu’un vagabond.

« Chon yu bikaik ? »

Une question adressée aux mystères de la nuit. La petite s’était avancée à la limite de la grotte. Ne pas se laisser surprendre pour perdre l’avantage, mais au contraire. Avoir une vue d’ensemble, les sens en alerte et être prêt à bondir pour échapper au moindre projectile. Luna donnait l’illusion d’être à découvert, mais du coin du regard elle pouvait aussi voir Lincoln prêt à l’aider. Au fond, elle ne savait pas comment remercier ce Trikru de prendre tant de risque pour elle, alors que la mort pouvait être prononcée pour son aide.

Un lourd silence régnait au milieu de cette flore baignée par les rayons lunaires. Seuls le bourdonnement de quelques insectes et le crépitement du feu offraient une présence sonore, bien que pesante. Dissimulée dans l'ombre, l'enfant d'Unaï observait les flammes faire danser les ombres menaçantes des deux individus qu'elle traquait. Ils étaient assis l'un en face de l'autre mais ne semblaient pas s'adresser un mot. Le jeune homme cherchait un peu de chaleur auprès du feu, quant à la natblida, elle était bizarrement recroquevillé sur elle-même comme si elle cherchait à s'enfermer, à s'isoler du monde extérieur. Vulnérable, pensa à tort la Trishana qui la détaillait. Ses yeux sombres cherchèrent à obtenir le plus d'informations. Passant de l'état général de son ennemie, elle se concentrait sur l'état de ses mains, celui de son visage puis ses iris retombèrent sur la lame de sa lance. Cette dernière était salis par le sang noir que Luna avait fait couler. Était-ce le sien ? Aucune chance. Elle n'aurait pas pu courir si vite si elle avait été blessé. La seule hypothèse qu'il restait était que l'adolescente avait abattu un des natblidas durant le conclave, ce qui témoignait d'une certaine force. Force que ne possédait pas Thaïs mais pourtant, la brunette ne perdait pas son objectif en vue. Avec la ruse, l'effet de surprise et un coup bien placé, elle pourrait lui prendre sa vie ou au moins l'affaiblir.

Un genou posé au sol, la surveillance durait toujours. Les deux amis n'avaient pas l'air de vouloir dormir ce qui était plutôt embêtant pour Thaïs. S'ils ne dormaient pas ou s'ils ne sortaient pas au moins de la grotte, elle ne pourrait pas atteindre Luna sans se faire repérer dans l'immédiat. Il lui fallait une diversion. Un bruit qui les ferait sortir mais qui ne les mènerait pas jusqu'à sa modeste cachette. Observant la pénombre autour d'elle, la brune trouva des graviers non loin de sa position. Les attrapant avec précaution, elle inspira un bout coup avant de lancer sur sa gauche les petits cailloux afin d'attirer leur attention.

*Bingo*.

Le garçon avait tourné sa tête en direction de la forêt et s'était levé presque dans l'immédiat suivit de la natblida. Ce fut un sentiment de satisfaction que ressentit la fille d'Unaï lorsque le métissé sortit de sa tanière pour s'avancer vers le bruit et que Luna se mit à l'entrée de celle-ci. *A découvert mais pas encore assez proche*.

La voix de l'adolescente retentit et fit émerger un certain stress chez la plus jeune. Qui était-elle ? Celle qui vengerait son peuple pour son déshonneur. Ou plutôt simplement une enfant qui cherchait à impressionner les autres. Elle ne répondit pas à sa question et resta terrée derrière son buisson. Sa respiration s'était accélérée et de nombreuses pensées se bousculaient dans sa tête. Attrapant une nouvelle poignée de gravier, la brune la lança au loin sur sa droite, forçant Luna à s'éloigner un peu de la grotte. L'observant avancer, Thaïs sentit ses pieds la picoter, les battements de son cœur s'accélérer et sa main se serrer sur son poignard faisant blanchir ses phalanges. *Encore quelques pas*. Elle avait du mal à soutenir la pression. Sa cible s'approchait mais plus elle avançait et plus la peur semblait paralyser l'enfant. Elle inspira et expira tout en se répétant intérieurement : *Gon ai kru, gon ai nontu*. (1)

La peur recula alors pour ne laisser place qu'à du courage la faisant soudainement sortir de sa cachette et foncer sur Luna. Son poignard devant elle, elle chargea la jeune femme afin de la faire tomber avec elle au sol. C'est par chance qu'elle réussit à couper cette dernière avant de se faire éjecter sur le côté. Sans plus attendre, la brune se redressa rapidement pour faire face à son adversaire. Son regard noir se plantait dans celui de cette dernière, Thaïs prit enfin la parole.

« - Tu mourras ce soir, Luna kom no kru. »

Sa mâchoire se serra tandis qu'elle se levait de nouveau suivit de la natblida. Son arme à la main, elle semblait assombrit par un sentiment qui ne lui allait pas mais rien n'avait d'importance tant qu'elle arrêtait l'ennemie cette nuit. Alors, une fois encore, Thaïs fit le mauvais choix de se jeter sur Luna pour tenter de la blesser de nouveau.

(1) Pour mon peuple, pour mon père.

Luna n'était pas des plus sereines dans cette grotte et elle ne pouvait s'empêcher de lancer continuellement des coups d’œil vers cette seule ouverture présente. Elle et Lincoln s'étaient installés de façon à être protégés de projectile, mais ce qu'avait fait la Natblida avait pu mettre les plus imposants des guerriers sur ses traces et ceux-ci n'hésiteraient pas à entrer afin de la forcer dans ses retranchements.

Le jeune aux cheveux sauvage n'avait prononcé le moindre mot avant cette question posée à l'inconnue de la nuit. Si Luna restait méfiante et peu encline à sortir, son ton avait été posé et rempli d'assurance. Tant qu'elle maîtrisait la situation, elle ne craignait pas un quelconque adversaire. La grotte était son avantage, elle avait son couteau en main et une lance non loin, bien qu'elle ne voulait user de cette dernière, déjà bien noircie par la mort.

Seulement la petite n'allait pas pouvoir rester indéfiniment à l'entrée de cette grotte. Si Lincoln avait pris les devants en allant à la rencontre de ce qui avait tiré son attention, Luna fut, quant à elle, emmenée vers autre chose. De nouveaux bruits se firent percevoir, laissant croire à une embuscade. Si plusieurs guerriers étaient présents, ils avaient de quoi couper court à toute retraite. Hors, si elle-même se fichait actuellement de son sort future, ne sachant réellement à quoi s'attendre désormais, elle ne pouvait guère entraîner le Trikru dans sa chute. Alors elle n'avait rien dit, s'était éclipsée seule, tout en gardant un œil sur son ami. Elle ne voulait pas que lui tombe dans un piège. Lui qui pensait veiller sur elle, la Natblida en faisait discrètement et silencieusement de même.

Telle un félin, elle s'éloignait, mètre par mètre, de la sécurité de la grotte. Ses yeux sombre, désormais habitué à l'obscurité de par son temps d'observation, observait le moindre détail. Elle était prête à bondir si quoi que ce soit surgissait, laissant son entraînement guider ses gestes. Elle était une proie, mais une proie consciente du danger, la transformant elle-même en une adversaire coriace. Si aujourd'hui elle devait périr, elle ne le fera pas sans rendre la pareille.

La Natblida n'eut pas le temps de riposter quand une masse la mit au sol. Sans grande surprise, la menace l'avait finalement attaquée elle, confirmant son statut de proie. Une douleur vive se fit ressentir, proche de son épaule. L'attaquant était armé et le sang de Luna perlait désormais, se confondant avec ses habits de guerrière. La petite ne s'était pas changée depuis le conclave, elle n'avait pas eut ce loisir et la noirceur de son sang rejoignait celle de sa tenue. Une blessure superficielle alors qu'elle avait encore la force d’éjecter son assaillant pour mieux se relever. L’adrénaline du combat s'était immédiatement déversé dans ses veines et, pendant un bref instant, l'ancienne Trishanakru était prête à oublier les fondements de sa fuite. Ne pas vouloir être cette tueuse que les Heda devait être... Il était pourtant si facile de se jeter son adversaire, frapper un point vital pour finalement lui ôter la vie. La douce Luna qu'allait connaître le futur n'était pas encore née et la noirceur inculquée aux novices coulait toujours dans ses veines.

« Chon yu bilaik ? Vout. »

Mourir... Il était si simple de proférer cette menace sans connaître son ennemi. Cette enfant, lui faisant face, n'était qu'une intrépide ne prenant pas compte des conséquences de ce qu'elle faisait. Était-elle seule ? Luna n'en savait rien et restait à l’affût du reste. Bien que celle lui faisant face n'était qu'une enfant, elle ne devait pas prendre la menace à la légère. Elle-même en était encore une, et elle avait déjà ôté une vie. Chaque novice en était un et on leur demandait de s’entre-tuer pour un trône. Sans le savoir, la Natblida allait évoquer un fait qu'elle prônerait par la suite. Prendre le sang simplement pour l'honneur et la gloire, c'était ainsi que les restes d'humanité courrerait à leur perte. Elle ne voulait plus de cela, mais devait de nouveau contrer cette gamine.

Cette fois-ci, l'ancienne novice était prête. Elle la voyait bondir sur elle et pu mener son esquive. Un pas de côté afin de ne plus être sur le chemin, mais l'attraper pour tenter de l'immobiliser. La plaquer contre elle, placer le couteau de l'assaillante sous sa propre gorge, ne voulant pourtant pas l'utiliser. Une simple mise ne place de peur afin de montrer qu'elle n'avait aucune chance.

« Yu non ai natblida. Natblida non na gon ouyon klin. Yu non na gon. Jus drein jus daun, yu ai seintaim hai kom ostof. »

Luna ne voulait pas la tuer. Elle revoyait claire dans ses idées et, voulant simplement le faire comprendre à cette jeune, elle avait relâché sa prise, la poussant en avant afin de s'éloigner d'elle. Préparer une possible contre-attaque sans pour autant la forcer. Qui était-elle pour la juger alors même qu'elle ne pouvait savoir ce qui poussait la fuyarde à ainsi fuir.


1. Qui es-tu ? Réponds.
2. Tu n'es pas une natblida. Les Natblida n'ont pas pu prendre ma vie. Tu ne pourras pas. Le sang pour le sang... tu es aussi stupide que les autres.