Ici nous vous demanderons min 30 lignes que vous présenterez de la manière que vous voulez. Cher journal

D'accord, je l'avoue, c'est vraiment bizarre de faire ça. Elles font comment les filles des bouquins à l'eau de rose qui, en plus de tout ça, donne un nom à un simple carnet ? Enfin bon, les autres m'ont dit d'essayer ça pour mettre des mots sur ce que je pense et, même si je trouve cette idée plus que saugrenue, je ne vais pas leur faire croire que j'en suis pas capable.

Bon, je commence par quoi ? D'où je viens ? Et bien ce n'est pas compliqué. D'après mon livret de famille, je suis née dans la grande ville de New York, dans la famille Azgeda. Rien de plus, rien de moins. J'étais fille unique, pas de grand frère ou grande soeur pour m'embêter et personne sur qui veiller. Je menais une vie parfaite et je me plaignais de rien. Enfin, de rien sauf d'une chose. L'envie inconstante de mes parents de bouger. New York, Boston, Baltimore, Philadelphie puis Annapolis. On déménageait sans cesse et je ne pouvais jamais me poser bien longtemps. Comme je n'étais qu'une gamine je n'avais rien à dire, alors bon je suivais en silence.

Je n’arrive vraiment pas à comprendre comment elles font. Je viens de raconter mon enfance et qu’est ce que ça va changer ? Les gamines immatures des film hollywoodienne n’ont vraiment rien d’autre à faire ? Enfin, un défi est un défi, alors je compte bien le remporter.

Même si j'ai passé mon enfance à bouger, Annapolis a été la dernière ville où l'on a déménagé. Ma famille avait enfin décidé à se poser quelque part et je comptais bien en profiter. Même si je n'étais pas quelque d'extrêmement sociable, je me fis un petit groupe d'amis peu de temps après mon inscription dans un établissement scolaire. Bon, c'était vraiment un tout petit groupe, car nous n'étions que trois. Mais je savais que je pouvais compter sur eux, tout comme ils pouvaient compter sur moi. Ce fut avec eux que je passais toute ma scolarité et ils devinrent presque comme des frères pour moi. Je m'étais peut-être fait une opinion bien rapide sur la chance d'être enfant unique, mais en fait je me suis rendue compte que j'avais en fait raté un truc. C'est vrai que de ne pas avoir de fratrie permet de ne pas avoir à s'en inquiéter, mais il y avait des choses que je ne connaissais pas en conséquent.

Je désespère. J'ai vraiment l'impression de passer pour une sombre idiote à remplir ce défi stupide. Et en plus je perds du temps. Tout ça parce qu'on avait une « discussion » sur mes moyens de communiquer. C'est vrai que je suis muette, et alors ? J'ai toujours su m'exprimer sans problème et faire remarquer ma présence. Que ce soit par langage de signe ou écrit, les gens me comprennent et, quand ils ne voient pas que je veux communiquer, ils découvrent bien vite mon don d'appliquer littéralement l'expression « frapper du poing sur la table ». Très utile d'ailleurs en réunion qui se transforme en tintamarre. Ou alors j'utilise mon don.

Parlons de ça d'ailleurs. Mes pouvoirs. C'est vraiment exaltant de savoir que l'on peut priver quelqu'un de ses sens. On a beau fanfaronner à propos de la capacité de l'humain à s'adapter, c'est toujours amusant de voir leur réaction que, subitement, l'un d'eux devient aveugle, sourd, muet ou sans rien ressentir au niveau du toucher. C'est aussi très pratique quand quelqu'un commence à me taper sur le système avec du blabla inutile. Et le clonage… Il est moins puissant, mais je peux facilement faire tourner en bourrique quelqu'un quand je lui fais comprendre d'aller voir ailleurs si j'y suis. Bon il est vrai que le jour où je les ai découvert, n'était pas aussi amusant que ça. Un accident l'ai jamais réellement, et encore moins quand mes pouvoirs s'en sont « pris » aux ambulancier qui me prenait en charge. J'ai failli causer un deuxième accidents d'ailleurs à cause de ça. Mais passons. Ce n'est qu'un souvenir que je préfère garder enfoui en moi.

Et si je parlais désormais de ce mutisme qui me caractérise si bien ? Je suis incapable de dire si je suis muette de naissance ou si ça vient de l'accident, car l'une des conséquences de ma survie a été que je me suis retrouvée incapable de savoir si j'avais la capacité de parler. Les médecins ont parlé d'un blocage psychologique, mais je n'arrive pas du tout à me souvenir si j'ai parlé un jour. Alors je me tais. Je ne prononce pas un mot et c'est tout. D'ailleurs, quand je me suis engagée dans l'armée il y a onze mois, j'ai eu le droit à quelques tests, en vain. Je ne prononce toujours pas un mot. Les autres s'y sont habitués, et ça ne pause pas tant de problème que ça. Excepté le fait que je suis assez sensible au blabla inutile, mais bon.

Ce fut lorsque je me suis remise de l'accident que j'ai rejoint l'armée. Ils ont réussis à capter mon attention et j'ai trouvé quelque chose à faire maintenant que je n'avais plus mes amis à mes côtés. On me considère peut-être désormais comme une petite peste, mais ça me plait. Alors me voilà, après onze mois de service au Fort Detrick, je suis O-042 et je leur ai juré allégeance. Rien ne me fera changer d'idée et je suis bien contente de faire ce que je fais.

Bon, ce défi totalement stupide est désormais terminé et, tu sais quoi ? Je vais rapidement leur montré que je l’ai fait avant de te jeter au feu. Je confirme. Je ne comprend vraiment pas l’intérêt de tenir un journal alors que tout est dans ma tête. Aller, je suis sûre que Kai voudra bien te bruler si je lui promet un répit au niveau des blagues aquatiques.

Il faut oublier tout ça

« Tout va bien Emilia, rien de plus qu’un rêve. »« Ce n’est pas un cauchemar, mais… Un souvenir. Et il me rend malade ! » Malgré ce que le médecin me dit, je ne sais que penser. Quand j’y réfléchis, j’ai l’impression que tout est réel. Que la famille parmi laquelle j’aurais vécu était réelle. Que ce petit frère que j’avais choyé était réel. Tout me semblait si vrai. À en croire, j’avais été une enfant chanceuse, avec la famille idéale. Rien à se reprocher, rien à craindre, une vie de rêve. Mais non, je sais que tout ça n’est que mensonge. Rien de ce que je sais n’est possible. On m’a dupé toute ma vie… Cependant, même si je sais qu’ils sont faux, ces souvenirs sont tout de même bien présents. J’ai beau avoir été développé dans un laboratoire, j’ai l’impression d’avoir vécu cette vie. D’avoir connu ces moments où la petite fille que j’étais censé être devait se rendre à l’école. Ces moments où j’aurais dû passer un jour d’un week-end à pique niquer avec ma famille est des amis sur la plage. Tout ces moments me reviennent en tête chaque nuit depuis que je sais. Ils me hantent comme pour me rappeler que je possède un véritable passé qui ne m’appartient pas. J’ai cessé de compter le nombre de ces nuits où je me réveillais en sursaut, perdant le contrôle de ce que je suis après avoir eut un nouvel emmêlement de souvenir. Je ne contrôlais plus rien et j’étais à la merci de ce qu’on avait fait de moi.

« Oui, parfait. Détend-toi… Encore. Tu flottes… Tout s’efface… Tout part. » « Je suis en enfer ! »Je ne sais si tout ça est vrai, mais il y avait ce souvenir qui me hantais plus que les autres. Il avait très bien pu m’être implanté comme les autres, ou alors je l’avais vraiment vécu, je n’en savais strictement rien. Ce qui me semblait si réelle, était le désordre d’un dortoir, comme si celui-ci avait été victime d’un tremblement de terre. Je me souvenais de la peur qui se lisait sur le visage de mes camarades de chambres, dont certains avaient été blessés plus ou moins gravement. Mais un autre sentiment venait se superposer à celui-ci. Le sentiment d’être enfermé, en vie mais pas conscient. Que c’était-il réellement passé ? Avais-je réellement causé ce désastre lors du réveil de mes capacités ? Ou n’était-ce qu’illusion pour forcer quelque chose à se mettre en route ? Ne pas savoir me perturbait, mais imaginé un instant que mon inconscient avait été la cause de tout ceci me rendait encore plus malade, malgré le contrôle que j’avais désormais dessus. Et puis une partie de mon esprit se rappelait de ces hommes, se disant appartenir au gouvernement et pouvant me venir en aide. Ce mensonge qui me servait de passer me disait que, désespérait comme je l’étais à l’époque, j’avais accepté. Que j’avais fait le choix de les accompagner de d’intégrer ce programme qui allait nous apprendre à maîtriser nos capacités. Que c’était à ce moment-là que j’avais reçu ce matricule de U-247. Cependant, comme je le savais désormais, tout ceci n’était que mensonge et jamais on nous était venu en aide.

« Oublie-les ! Efface ce souvenir. Il est encombrant. Laisse-le. Va… vers tes merveilles. » « Impossible. Prise au piège du passé. »Me prenant la tête dans mes mains, j’étais de nouveau prise de migraine. Je n’y arrivais pas. Il m’était impossible de l’effacer. Je savais que je devais le faire pour réussir à passer à autre chose, mais je ne pouvais pas. Je n’arrivais pas à oublier ce moment où nous avons découvert la vérité à notre sujet. Le jour où certains d’entre-nous avait découvert que nous n’étions que le fruit d’une expérience. Lorsque la rumeur a commencé à circuler entre nous, je n’y avais pas immédiatement cru. Tout semblait si réel. Mais mon passé monté de toute pièce s’arrêtait là. Je me souviens parfaitement de cette colère qui nous avait animé lorsque le vérité avait été digéré. Nous n’étions que des marionnettes pour le gouvernement américains et certains avaient décidé que cela devait cesser. Je n’avais pas voulu prendre position au départ, mais lorsque mes souvenirs avaient commencé à s’embrouiller, je faisais partie de ceux qui n’acceptaient pas cela. Ceux qui voulurent se révolter pour mériter leur liberté. Je ne voulais plus être le fruit d’une expérience. Je voulais devenir cette Emilia qui avait une histoire montée de toute pièce.

« Non, Emilia ! Oublie cette illusion. Oublie-là. Retourne aux merveilles » « Je ne veux pas, docteur. Mes merveilles sont mortes. Éparpillées. » Je ne savais pas ce qui était le mieux pour moi. Avoir fait le choix de me rebeller contre ceux qui m’avaient créé et vivre désormais caché, craignant chaque force de l’ordre que je croisais ? Ou bien aurais-je dû me faire toute petite dans mon coin et rester à la solde du gouvernement ? J’avais fait mon choix lors de la révolte des Upsilon et bien qu’il me torture encore aujourd’hui, je savais que je n’avais pas à le plaindre. Certains de mes amis avaient péri lorsque nous nous étions enfui, mais moi j’avais eu la chance de m’en sortir indemne et de trouver refuge. Il est vrai que cela ne devait être que temporaire au début et que cette personne avait été extrême gentille de m’héberger pour la nuit, alors le matin, lorsqu’était arrivé le moment où j’aurais dû repartir, je ne m’étais pas senti capable de lui mentir. J’avais vu les dégâts qu’une vie de mensonge pouvait faire et je ne me sentais pas capable d’en débuter une alors que l’on avait été si gentille avec moi. Je n’avais pas tout déballer dès le début, mais à force de le côtoyer, j’avais fini par apprendre à me livrer. Mener une vie secrète me semblait moins dure alors que je pouvais la partager avec quelqu’un. Et puis, malgré tout j’avais réussi à me re-construire en façade. J’avais mené des études et j’avais désormais un travail stable. Seulement je ne peux empêcher mes doutes et mes craintes revenir me hanter la nuit et je ne peux m’empêcher de me dire que je ne suis qu’une personne créée de tout pièce. Que ce que je suis vient d’une éprouvette et que je n’ai jamais eut la vie normale que j’essaye de mener. Je devais vivre avec et rien de tout cela ne serait facile.

As a child, you would wait
and watch from far away

Je suis différente des autres Upsilon. Comme mes semblables, je suis née dans le laboratoire du Fort, mais là où je me différencie, c’est que je suis née « non-finie ». Ça, je ne l’ai su que plus tard. Je l’ai su lorsque que mes semblables se sont révoltées. Je fais peut-être partie des rare cas qui n’a pas vu sa véritable mémoire se réveiller pendant que nous travaillions pour les militaires. À l’époque, je croyais juste être une petite gamine à fort potentiel qui avait eu la chance de voir sa vie sauvée. Car d’après les souvenirs que l’on m’a implanté, j’aurais pu ne jamais dépasser l’âge de mes huit ans. Cependant la chance m’a souris et me voilà, pleine de vie, à vivre une vie des plus normale malgré mes pouvoirs.

Mais si on en croit une partie des souvenirs qui cohabitent dans ma tête, j’ai toujours vécu une vie normale. Cela à beau être le fouillis et j’ai beau ne pas tout comprendre du haut de mes onze ans, je me souviens avoir été une enfant qui a toujours été joyeuse. Je faisais le bonheur de mes parents, deux navigateurs vivant à Annapolis. Je me souviens que j’avais un frère aîné qui me choyait comme si j’étais le plus grand trésor qu’il avait. Et je me souviens d’années de joie où chaque jour je découvrais le monde un peu plus. Vous savez, quand on est pas très grande et quand on ne connait pas grand chose, on a tendance à toujours voir les nouveautés comme la chose la plus fabuleuse du monde. Cependant, ce qui me plaisait le plus, c’était nos sorties à la mer. J’adorais l’eau. Je pouvais passer des heures à jouer dans mon bain, tout comme je pouvais traîner mes parents tous les jours à la plage. L’eau, c’était la vie pour moi. Que ce soit en plein hiver ou en plein été, j’adorais aller me baigner ou sortir sur le bateau de mes parents. Vous souhaitiez me chercher ? C’est simple. Il suffisait d’aller là où il y a de l’eau et chercher une gamine surexcitée qui ne fait que bouger partout. La mer, s’était ma caverne d’Ali Baba. Et d’ailleurs, elle est toujours aujourd’hui et encore plus maintenant que je connais mon pouvoir.

Mais ma véritable enfance ne s'était pas passée comme ça. Même si, contrairement à mes camarades Upsilon, j'ai eu le droit de découvrir les joies d'être un petit bout de chou choyée, j'ai eu le même traitement qu'eux en étant créée de toutes pièces. Là où je suis différente, c'est que je suis "née" bien trop tôt. Cela était dû à un dysfonctionnement du système de ma cuve, suite à un piratage informatique. Alors que j'aurais dû prendre vie quelques jours plus tard sous les traits d'une jeune femme, mon appareil me libéra avec l'apparence de l'enfant que je suis. Seulement à l'époque, je ne le savais pas. Les scientifiques auraient pu ne pas s'encombrer de mon cas, une enfant n'ayant rien à faire dans les rangs de l'armée, mais qui refuserait de garder le contrôle sur la maîtrise d'un des quatre éléments ?

D'ailleurs, ce fut la découverte de mon pouvoir qui me fit rejoindre les autres upsilons. Bien que ce soit un souvenir monté de toute pièce, je l'ai encore bien en mémoire. C'était le jour de mon anniversaire. Alors qu'il faisait beau, mes parents voulaient fêter ma huitième année avec une ballade en mer. Mon frère était aussi de la partie. Mais malheureusement, je fus la seule à rentrer le soir. Le temps était pourtant clément quand nous étions partis. En grand soleil comme les gens aiment et une mère qui s'annonçait calme. Mais c’est ça le souci avec l'océan. Bien qu'il semble être notre ami, il peut être d'humeur changeante et devenir subitement notre pire ennemi. Et ce fut le cas pour nous. Le temps était pourtant clément quand nous étions partis. Il n'en fallut pas beaucoup pour la construction en bois pour se retourner, nous jetant tous à l'eau. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de ma famille. Je me souviens juste sombrer, sans réussir à remonter malgré les cours de natation que j'avais eu depuis toute petite. Je coulais et rien ne pouvait m'aider. Ce fut alors là que mon don se manifesta. Je suis encore incapable d'expliquer comment j'ai déclenché ce phénomène, mais l'eau se mit soudain à s'éloigner de moi formant comme une bulle. Je me retrouvais recroquevillée dans un espace d’air et, comme si j’étais un ballon de baudruche gonflée, je me mis à remonter à la surface. Hasard des choses ou non, ma « bulle » vint éclater à la surface non loin d’un bateau des garde-côtes qui avait dû recevoir le S.O.S de mes parents. Ce fut comme cela que les militaires m’avaient soi-disant remarqué alors qu’en vérité, tout cela n’était que pure invention.

Malgré ma différence d’âge avec les autres, je ne me sentais pas exclue dans la base. Les autres Upsilon étaient un peu comme mes grands-frères et mes grandes soeurs et ils m’aidèrent à accepter ma condition de mutante. Ce n’était pas vraiment facile d’accepter la disparition de ma famille et encore aujourd’hui, même si ça fait trois ans, j’ai toujours dû mal avec ça, alors les plus grands étaient là pour m’aider. Je subis une nouvelle évolution une fois mon premier pouvoir maîtriser. Ce fut infime au début, et suite aux traitements que me donnèrent les scientifiques, j’ai dû mal à me souvenir l’arrivée de ma télépathie. Au début c’était juste un bourdonnement constamment présent dans mon esprit, mais au fil des jours et des maux de tête, ce bourdonnement se transforma en pensée des autres et tout ce dont je me souviens, ce fut l’affolement des scientifiques quand ils comprirent. À partir de ce moment, je reçus une sorte de traitement qui avait pour but de contrer mes maux de tête et ce fut le cas. À force des produits, je me mis à ne plus entendre ce que pensaient les autres et je devint un peu plus unique en étant la plus jeune Upsilon, a qui on ne laissait qu’un seul pouvoir.

Un an après mon arrivée dans le fort, tout changea de nouveau. La rumeur commença à circuler qu’on nous avait menti depuis le début et j’appris la vérité à notre sujet de la bouche des autres et ce fut la révolte. Moi je ne voulais pas vraiment y prendre part. Je ne savais pas trop quoi penser de tout cela et je pouvais comprendre l’énervement de mes frères et soeurs. Mais en même temps, je ne savais pas où aller si je partais. Je ne sais pas si c’est mon indécision qui fit faire à l’une de mes camarades ce qu’elle fit ou autre chose, ou alors autre chose, mais l’une des Upsilon me prit sous son aile pour me sortir de là, alors que je me trouvais tapie dans un coin a tenter de me faire toute petite. Mais Azahel m’aida. Elle me fit quitter le fort, et je fis partie des fugitive avec elle. Je ne sais pas combien de temps à durer cette fuite, mais je me souviens que la jumelle m’a dit de me cacher et m’avait fait entrer dans un grand magasin ouvert de nuit. Je devais rester discrète pour ne pas me faire remarquer, et attendre qu’elle revienne. Je ne savais pas où me mettre et j’essayais d’avoir l’air le plus naturel possible, ce qui était relativement dur pour quelqu’un de mon âge qui voyait sa vie bouleversée. S’était peut-être pour cette raison qu’il y eu ce qui arriva. Cette personne qui vint s’intéresser à moi alors que je devais sûrement ressembler à une souris voulant rentrer dans son trou. Maddy vint me sortir de là et elle fit une chose à laquelle je n’avais jamais imaginée. Elle m’accueillis chez elle.

À partir de ce jour-là, ce fut une nouvelle vie pour moi. Tout ne se fit pas immédiatement, mais coupée de tout contact avec les scientifiques et leur produits, ma télépathie revint petit à petit, me donnant au début d’horribles maux de têtes. Seulement, au lieu de brider mes pouvoirs, j’appris cette fois-ci à avoir un minimum de contrôle et au fur et à mesure que j’écoutais ce deuxième pouvoir, le gêne qu’il me procurait disparaissait au fur et à mesure. Il m’arrive encore d’avoir le droit à de magnifiques migraines à cause de lui, mais je vis désormais pleinement avec lui en essayant tout de même de ne pas me faire intrusive. Et puis il y a eu Maddy. Non seulement elle m’avait fait quitter la base militaire, mais elle m’offrit aussi une nouvelle demeure en m’accueillent chez elle et en m’adoptant d’un point de vue légal. Même si la manière dont elle le fit ne fut pas très légale, j’avais désormais une nouvelle maman et ce fut grâce à elle que j’ai cette nouvelle vie.

Ici nous vous demanderons min 30 lignes que vous présenterez de la manière que vous voulez. Je suis A-144… La cent quarante quatrième alpha créée, mais aussi la dernière. Après moi, il n’y en a pas eu d’autre. J’étais la petite dernière de la bande, mais pas la plus réussie. On a beau dire qu’avec le temps, les résultats s’améliorent, mais pas avec nous. Nous avons tous un défaut et j’en fais partie. Les scientifiques ont vite découvert le mien. Je pouvais me blesser, mais ne pas m’en rendre compte. Je pouvais me cogner et continuer ma route comme si de rien n’était. Le premier pronostic avait été rapide. J’étais née avec une maladie rare et je n’étais donc pas fiable. Mais je ne me rendais pas compte de cela. Je me trouvais dans mon monde, à ne pas comprendre ce qui m’entourait. Ce n’a été que plus tard que l’on a compris d’où venait mon insensibilité. Lorsque mes pouvoirs se manifestèrent. Mais je n’eus pas le temps d’en apprendre plus au contact des autres. Étant la dernière de ma génération, je ne connus pas grand chose de ma vie.

Trois ans… Je n’avais que trois ans lorsque tout changea. Une gamine aux yeux de tous, mais pas à ceux qui savaient la vérité. Ça faisait à peine un mois que mes capacités s’étaient manifesté. Cela était arrivé tout à fait pas hasard. La première fois, j’avais voulu aider un de mes camarades plus âgés avec qui je cohabitais. Je ne savais pas comment j’avais fait ça, mais c’était arrivé. Et puis quelques jours après, je faisais preuve encore une fois de ce dont j’étais capable. Mais je n’étais qu’une enfant qui ne maîtrisait rien du tout. J’agissais par instinct, je voulais aider, me protéger. Je ne comprenais pas tout ce que cela signifiait, ni ce qu’on allait faire de moi. Qui pouvait avoir conscience de tout ça à trois ans ?

27 ans… Vingt-sept longues années à grandir entre quatre murs. Ma vie s’est résumée à cela. Je n’avais que trois ans quand une vingtaine d’Alpha, dont je faisais partie, avait été enfermé et je n’avais jamais rien connu d’autre. C’était comme ça et je m’y faisais. Mon quotidien se résumait aux examens des scientifiques puis à rester dans ma « chambre ». J’aurais pu me rebeller, signifier mon mécontentement, mais c’était ce que je connaissais depuis toujours. À mes yeux, il y avait une certaine normalité qui faisait que je ne disais rien. J’étais la petite alpha docile qui obéissait sans broncher. Il n’y avait que la solitude que je trouvais pesante. On était isolé, je n’avais pas de contact avec les autres, alors j’avais trouvé la solution pour remédier à cette non-présence. Je me déconnectais de la réalité. J’oubliais ce qui l’entourait pour m’enfermer dans mon propre monde. Un monde où je me sentais vivante et où je côtoyais des amis imaginaires qui me faisaient oublier ma solitude. Seulement tout n’allait pas rester indéfiniment ainsi.

La liberté… C’est une notion étrange dont je n’arrive pas à saisir l’entièreté du propos. À mes yeux, j’ai toujours été libre. Mon esprit s’évadait à chaque fois que je le souhaitais, alors ce ne fut pas par envie de liberté que je pris la décision de suivre mes semblables. Je ne nourrirais pas la même envie de fuite qu’eux. Je le fis seulement pour goûter à cette autre liberté qui s’ouvrait à moi et parce que cet inconnu m’intriguait. Je n’avais jamais connu autre chose que le fort et là, grâce aux autres Alpha, on m’offrait la possibilité de voir ce qu’était le monde. Alors je fus des leurs et je rejoignis la liberté pour découvrir ce que c’était. Au début ce ne fut pas des plus facile. Je m’étais trouvé un logement désaffecté où je passais mes premières nuits, et ce fut totalement par hasard que ma vie prit un tournant. Il y avait eu cette librairie qui recherchait un employé. Certes je n’avais aucun diplôme, mais j’avais toujours été passionnée par les livres. C’est ainsi que je me suis retrouvée à tentée le tout pour le tout et j’avais franchi le seuil pour me proposer. Je ne connaissais pas la valeur du travail, mais je me disais qu’être parmi quelque chose que j’adulais aller sûrement m’aider à avoir de nouveaux repères. L’imaginaire était tellement vaste.

Alors me voilà, A-144, la cent quarante quatrième alpha du Fort, renommée Verity Northwood, menant une vie des plus normale alors que je sortais de vingt-sept ans d’enfermement. Tout était nouveau pour moi, et je pensais plus à découvrir cet inconnu, plutôt que de nourrir une haine inexistante envers les militaires.